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GOMA / foire Agricole : La fédération des organisations paysannes congolaises FOPAC, sur les pas d’accompagnement des paysans jusqu’à la contractualisation des marchés - PANA RADIO
GOMA / foire Agricole : La fédération des organisations paysannes congolaises FOPAC, sur les pas d’accompagnement des paysans jusqu’à la contractualisation des marchés - PANA RADIO
Une vue aérienne de la ville de Goma, 26/06/2009.

La ville de Goma a accueilli ces mardi et mercredi 7 et 8 Décembre 2021, la foire agricole. Cette foire qui vise à mettre en contact les paysans producteurs issus de 6 communautés du territoire de Masisi (Shasha, Bweremana, Karuba, Nyakatale, Kihuma et Burora) à contact avec les potentiels consommateurs qui sont les citoyens ordinaires, les restaurateurs et les tenanciers d’hôtels ; a été organisée par la fédération des organisations paysannes du Congo, FOPAC.

Cette organisation qui a vécu dans les enceintes de l’enclos de Gram, situé à seulement 150 mètres de la station Mutinga sur le tronçon Mutinga-Majengo, a connu la participation de plusieurs agricultrices et agriculteurs venues pour la plupart des communautés ci-haut citées ainsi que certains jeunes entrepreneurs agricoles de la ville, était à sa première expérience, indique Monsieur Luc KANIKI, coordonnateur du projet « Protection et moyens de subsistance »

Foire agricole, pour des faits utiles ?

« Cette foire vise à mettre en contact, les producteurs que nous accompagnons, aux acheteurs de la RDC. Les résultats attendus, c’est la contractualisation. C’est-à-dire, que ces deux acteurs puissent mettre en place, des contrats de travail ». a expliqué le coordonnateur du projet. A ce tout premier jour, plusieurs curieux ont fait le tour des stands d’exposition des différents produits des producteurs. Ce comportement a certainement impressionné Luc KANIKI et cela, de façon positive. «  Même les particuliers sont en train de passer pour visiter les stands d’exposition des produits des agricultrices venues de Masisi. Ça nous intéresse le plus, parce que les gens sont en train d’apprécier les produits. Il y a même ceux qui ont commencé à payer de ces produits, et d’autres promettent revenir pour récupérer d’importantes quantités… » Note KANIKI, au visage souriant, témoignant d’un satisfecit.

La joie des productrices au rendez-vous ?

Plusieurs agricultrices venues exposer leurs produits, ont témoigné avoir enregistré des clients pour les uns, mais d’autres non et affirment attendre, dans l’espoir d’en enregistrer dans les heures suivantes.

« Il y a un client qui venait de payer 5 kilogrammes de mon arachide. Je ne suis pas jusque-là réjouie du climat des activités car toute ma marchandise n’est pas encore écoulée, mais je garde espoir que les choses vont toujours marcher. Il y a plusieurs clients qui sont passés juste inspecter, ils ont néanmoins promis revenir les après-midi pour acheter… » a témoigné Pascaline NGULU, avant que Noel BAHATI ne poursuive « je suis à la foire, je suis venu avec des produits de divers genres, dont le haricot. Les clients viennent voir et visiter nos stands, en inspectant également ce dont nous disposons. Plusieurs promettent revenir ».

Productrice et vendeuse de la pomme de terre en provenance de Katale, Sifa ALICE nous confirme : « Je suis venue à la foire avec 2 sacs de pomme de terre. Jusqu’à l’heure, je viens d’écouler un sac et demi. D’ici peu, j’aurai fini à écouler toute la quantité, je l’espère », affirme-t-elle.

Un méga projet, pour quelles finalités ?

Pendant qu’à l’extérieur sous les stands les agriculteurs (hommes et femmes) confondues, exposaient leurs marchandises, à l’intérieur de la salle, une autre franche d’agriculteurs échangent autour des défis et points forts du projet.

Monsieur Luc KANIKI a à cette occasion, dévoilé l’objectif global du projet. « L’objectif global de notre projet, est d’améliorer la capacité de résilience des membres des différentes communautés où nous exécutons…», nous a-t-il révélé. « Les communautés de Masisi, ont connu et vécu plusieurs soucis et des conflits de guerre,… C’est pour cela que nous organisons ces activités pour leur permettre de résister aux chocs encaissés lors des différentes guerres…»  a renchérit Kaniki.   

Le projet « Protection et moyens de subsistance » a visiblement été d’envergure, qu’il a bénéficié à plus ou moins 18 000 (dix-huit milles)  personnes en raison de 3000 personnes par communauté ciblée. A fait croire Luc.

Un projet aux acquis non négligeables

« Grâce au projet « Protection et moyens de subsistance » il y a lieu de se féliciter des acquis et exploits jamais vécus dans les temps, dans les zones ayant été couvertes. Les preuves sont palpables. Oui, il y a lieu de le reconnaitre,…» justifie Luc KANIKI. « Les agriculteurs que nous accompagnions, ont accru leurs productions par superficie. Pour un hectare de la pomme de terre, les paysans ont commencé à réaliser 19 tonnes contrairement à entre 9 et 12 avant le projet ; pour le haricot on est entre 1500 et 2500 kilogrammes contre 600  ou 800 kilogrammes avant le projet ; pour l’arachide on est entre 1200 et 1500 kilogrammes contrairement à 600 ou 650 kilogrammes à l’hectare auparavant » poursuit KANIKI. Les autres acquis du projet, sont cette fois-ci ceux liés aux différents volets même de l’exécution dudit projet. 

Volet genre 

« Le projet « Protection et moyens de subsistance » a permis l’intégration de l’approche genre, même dans le monde rural »… A fait savoir Adrien BAHIZIRE, de l’ONG Oxfam, l’un des accompagnateurs du projet. « L’approche genre est transversale au sein même d’Oxfam. Toutes les fois que nous exécutons un projet, nous nous assurons que 60 % des femmes sont impliquées. Parce que les femmes sont des véritables actrices du changement. Nous avons d’ailleurs mis en place ce que l’on appelle forum des femmes. Tout cela dénote de notre encagement à promouvoir la femme dans l’exécution de nos projets  » a fait savoir Adrien. « Je suis sûr que la femme a contribué en grande partie dans la réussite de ce projet en cours depuis 2017. Il y a eu vraiment beaucoup d’avancées en matière de genre, et nous avons commencé à enregistrer des femmes qui deviennent cheffes de village et qui nous représentent dans des grands forums et ateliers, »… A-t-il poursuivi et fini.

Volet alphabétisation

Pour venir en appui aux paysannes et paysans en terme d’instruction, FOPAC a, dans l’exécution de son projet, organisé des séances de formation de renforcements des capacités en écriture et lecture. « Je ne savais ni lire ni écrire. FOPAC m’a formée. Je vendais sans savoir si je gagnais ou non. Mais grâce à la FOPAC, je sais lire, écrire et compter. Grace à elle, j’ai maintenant une activité génératrice des revenus propre à moi et je ne dois que dire merci… » a témoigné et reconnu devant le public, Sifa ALICE, venue de Katale.

Augmentation de la production

« Le projet Protection et moyens de subsistance nous a rendu très heureux. Nous avons commencé à enregistrer d’importantes récoltes grâce aux formations nous fournies par la FOPAC. Grace au paquet dénommé « Impact de l’agro-écologie dans la culture de la pomme de terre », nous avons appris comment produire des engrais naturels qui présentent beaucoup d’avantages dont trois sont les principaux. Premièrement, c’est que, ces engrais produits localement ne détruisent pas l’environnement ; deuxièmement ils accroissent la production tout en gardant les propriétés naturelles tant des sols que des récoltes  et troisièmement ils sont moins chers… » A expliqué Delphin SHIRAMBERE venu de la communauté de Shasha.

Commercialisation

FOPAC accompagne ses producteurs jusqu’au niveau du marché pour leur permettre d’écouler leurs produits en toute sécurité. A ce niveau, FOPAC a mis en place la stratégie dite des ventes groupées, qui consiste par ailleurs, à organiser les producteurs de façon à mutualiser les efforts en accumulant les récoltes pour les vendre lorsqu’elles sont en stocks importants. Cela leur permet d’imposer le prix aux acheteurs, contrairement à ce qui se faisait avant, où les consommateurs imposaient leur prix aux pauvres producteurs, à leur grande défaveur malheureusement. « Grâce au système de la vente groupée, nous vendons pendant 4 mois en en 2 saisons, en raison de 2 mois par saison. Et à ce niveau, nous parvenons à réaliser une moyenne de 30 tonnes du moins pour le haricot, sans tenir compte d’autres produits qui sont aussi en quantités importantes dans nos entrepôts. Actuellement, ils sont plus de 600, ces agriculteurs qui ont accepté de se joindre à nous dans la vente groupée au sein de notre coopérative dénommée « Tuji tegemeye »  »… a expliqué Niyitege KAHABYARA Aimable, président de l’association des paysans agriculteurs APA, dans la communauté de Lushebere.

Utilisation des bonnes semences

« Tous les agriculteurs que nous accompagnons et qui suivent les bonnes pratiques que nous leur transmettons produisent mieux. Nombreux d’entre eux ont donc compris l’importance de l’usage de la semence améliorée même si elle est chère. Même dans les cas où elle n’existe pas à la FO¨PAPAC, Beaucoup d’agriculteurs se débrouillent et s’en procurent ailleurs.» a précisé lors de son exposé, l’Ingénieur Samson KIHUNDU de la FOPAC, revenant sur l’impact de l’usage des semences améliorées dans les pratiques culturales.

« Protection et moyens de subsistance » un projet réussi mais aux multiples défis

S’il faut que FOPAC et ses partenaires se félicitent des exploits et acquis du projet, il faut reconnaitre qu’aux cotés, il y a eu des défis majeurs. En effet dans son exposé sur l’état général d’exécution du projet, Adrien, de la structure Oxfam, a soulevé d’énormes difficultés : d’abord celles liées à l’impraticabilité des routes menant vers les lieux d’exécution du projet, alors que le projet n’a pas défini le volet réhabilitation ; Ensuite l’insécurité dans la zone d’exécution,  et En fin, l’arrêt du projet alors que les paysannes et paysans n’ont pas arrêté leur progéniture… A-t-on senti dans les dires d’Adrien.

Fini, le projet ; la soif des agriculteurs maintenue

Alors que le projet prend fin en fin Décembre 2021 prochain, les agricultrices continuent de demander à la FOPAC une gamme de choses à faire. C’est par exemple le cas de Sifa Alice, qui souhaite que FOPAC élargisse ses actions aux autres communautés n’ayant pas été bénéficiaires du projet, pour les mettre également à niveau. Même chose pour Niyitege KAHABYARA, qui veut que la FOPAC s’implique courageusement dans la résolution du problème lié à la surtaxation et les tracaceries dont sont victimes les producteurs, une fois arrivés sur le marché de vente de leurs produits issus des champs.

John TSONGO THAVUGHA GOMA-RDC

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