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RDC /Nature : Comment devenir un entrepreneur vert ? - PANA RADIO
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En mesure que s’observe la pression démographique, en mesure l’on assiste à une dégradation climatique prononcée. Mais, faut-il laisser l’environnement se détruire sans agir ? Sinon on est alors complice ! Voilà pourquoi, le cabinet d’expertise dit « expo-vert », composé des journalistes, activistes et spécialistes en environnement, développe en ville de Goma depuis 2022, une approche économique dite ‘’Entrepreneuriat vert’’. Cette approche met en avant les différentes idées d’entreprises, lesquelles travaillent plus à transformer les défis liés à la dégradation du climat et de l’environnement, en une série d’opportunités de création d’unités économiques, mais dans le strict respect de la nature.

En 2022 tout comme en 2023, ce cabinet a organisé plusieurs activités, y compris le festival environnemental ‘’Expo-vert’’, réunissant entrepreneurs verts, consommateurs, et scientifiques. Outre cela, ce cabinet organise régulièrement des conférences, avec l’idée de créer un réseau d’entrepreneurs verts, susceptibles de plaider pour la cause de la nature, tout en attirant profit, sans en dégrader les composantes.

 Samedi 28 octobre 2023, Expo-Vert a, après le festival du 22 Septembre, organisé une conférence à l’intention des entrepreneurs verts de Goma en RDC. C’était autour du thème : « Les débouchés de l’entrepreneuriat vert pour une émergence économique ». Ce thème a été choisi par le cabinet, pour rappeler aux entrepreneurs verts, le vaste-champs sur lequel ils peuvent se mouvoir, en se rassurant que ce dont ils font preuve, entre dans la droite-ligne de sauvegarder la nature, mais tout en en tirant profit.

 Pour parler de ce thème, le cabinet a fait recours à l’Ingénieur Alphonse Paluku Kighoma. Lui est Entrepreneur, Apiculteur-praticien, Directeur général de la Maison du miel Congolais, Coordonnateur du centre managérial pour un développement Intégré CEMADI ; Spécialiste en Apiculture Congolaise améliorée, chercheur, consultant, formateur, Enseignant d’Universités et membre du collectif Consommons Congolais, un groupe qui promeut la promotion de l’authenticité alimentaire. Il est également en cours de préparation de sa thèse doctorale toujours dans le domaine de l’apiculture, à l’Université catholique du graben, UCG, basée en ville de Butembo en République Démocratique du Congo.

Lire aussi : expo-vert, ce grand festival environnement annoncé à Goma

Lors de la conférence avec les entrepreneurs verts de Goma, le chercheur a axé son intervention sur les différents points suivants :

  • Une brève analyse du secteur vert à Goma ;
  • L’entrepreneuriat vert au Nord-Kivu et ses débouchés ;
  • Outils de performance entrepreneuriale ;
  • Quelques biens et services du secteur vert ;
  • Quelques contraintes majeures du secteur ;
  • Mot sur l’entrepreneuriat rural ;

Analyse du secteur vert à Goma 

Abordant ce premier point, Kighoma a fait savoir qu’en général, la région connait en ces jours, de nombreux changements dans l’utilisation des terres liées à son accroissement démographique, au contexte de nombreuses années des conflits politico-militaires, et la crise économique parallèle… De fait, il a indiqué que ces changements peuvent être caractérisés par des éléments tels que : la perte du couvert arboré et des pressions sur les forets protégées dans le parc national des Virunga (PNVi), pour des fins agricoles et du bois d’énergie ; l’expansion urbaine caractérisée par la concentration des villageois dans et autour des centres urbains à cause notamment de l’insécurité omniprésente depuis plusieurs années dans la région ; la réduction des terres arables par la perte progressive de la fertilité des sols liée aux mauvaises pratiques agricoles et à l’érosion dans un contexte de surdensité des populations, la majorité des paysans avec ou sans terre à cultiver ; l’expansion des pâturages des grands propriétaires et des réserves forestières inexistantes aujourd’hui, et en fin l’expansion des boisements d’Eucalyptus en monoculture sur des terres qui étaient jadis cultivées… Cela a eu des conséquences très nombreuses sur la Sécurité alimentaire, ainsi que sur la vie sociale, économique, écologique et culturelle des populations de la région.

La sécurité alimentaire

Tous les éléments ci-haut évoqués ont juste eu une incidence négative sur la productivité agricole et alimentaire, surtout avec l’abandon des cultures de rente comme l’ananas, le taro, l’éleusine, l’Igname, la courge, le haricot, la banane, le sorgho, et ont entrainé un bouleversement de la chaine alimentaire aux seins même des communautés, et en conséquence, l’on assiste aujourd’hui à une augmentation des cas d’insécurité alimentaire trainant avec elle la faim, la malnutrition, la sous-alimentation, et la pauvreté…

L’on note tout de même, des cas de réduction du bétail, des petits ruminants, tant chez les grands propriétaires que chez les petits producteurs, à cela l’on ajoute la perte et la disparition de plusieurs espèces d’animaux domestiques à l’instar de la poule, le lapin, le porc, la chèvre, la vache etc. Et les quelques parmi ces espèces qui existent, sont pour la plupart, des races importées. La majorité des races locales n’existent plus ou presque.

L’Ingénieur soulève un autre aspect qui fait réfléchir : un seul agriculteur du Nord-Kivu, nourrit plus ou moins 50 à 80 citadins, d’après une enquête, informe-t-il. Pourtant, regrette-t-il, la production des agriculteurs s’obtient dans des conditions en tout cas difficiles, sur un sol appauvri suite aux érosions, sans engrais, sans politique d’appui et/ou d’accompagnement des agriculteurs de la part de l’Etat congolais. Pire encore, ceux qui s’adonnent à l’agriculture, le font dans un contexte de guerre, et sont pour la plupart, des femmes rurales, alors que les jeunes affluent vers les centres urbains en quête d’emplois. Cette situation crée malheureusement un abandon de l’entrepreneuriat par la jeunesse, avec des retombées beaucoup plus ou moins démesurées.

Impact social, économique et culturel

Le contexte actuel en province, a entrainé une marginalisation des petits producteurs, des inégalités, la pauvreté extrême, la vulnérabilité aux chocs, la perpétuation des conflits, des chiismes et déchirures du tissu socio-culturel, le bouleversement de la chaine socio-culturelle par la perte des habitudes alimentaires traditionnelles,…

Lire aussi : la deuxième édition du festival ‘’Expo-Vert’’ se clôture sur fond d’un succès

Impact écologique

Le Nord-Kivu, avec tous les chocs qu’il a connus, est aujourd’hui sujet à une dégradation des pâturages, à une perte de la biodiversité,  à une diminution de la qualité de l’eau ou encore la pollution et le changement climatiques très prononcés.

Que faire ?

Le tableau contextuel est peu reluisant, certes, mais rien ne peut justifier la baisse des bras face à cela. Il faut plutôt développer des mécanismes robustes qui incluent le recours à l’entrepreneuriat vert comme alternative !

 L’entrepreneuriat vert, qu’est-ce ?

Kighoma présente l’entrepreneuriat vert comme une unité économique de la nature sans donc nuire aux végétaux. C’est un entrepreneuriat respectueux de l’environnement, qui contribue à la préservation de la nature. Par ailleurs, parlant de l’entrepreneuriat en tant que tel, l’Ingénieur Kighoma présente cela comme un intermédiaire entre le savant et l’exécutant. Et il présente cela comme une solution au problème soulevé et analysé par le chercheur, le savant, pour améliorer les conditions socio-économiques de la population. Dans ses explications à ce même sujet, Alphonse présente un entrepreneur comme quelqu’un qui :

  • Repère, exploite, tire profit des opportunités ;
  • Développe des nouveautés grâce à sa créativité ;
  • Crée ou entre dans la chaine de valeur ;
  • A un degré de motivation et de détermination ;
  • A des fortes attitudes et compétences ;
  • A des qualités et valeurs particulières ;
  • Dispose d’idées d’un marché des biens et services produits.

Domaines d’investissement vert en RDC

Parlant en outre des différents domaines d’investissement vert en RDC, l’apiculteur énumère :

  • L’agro écologie, tout en la présentant comme une agriculture respectueuse de l’environnement. Ou alors, le respect de la biodiversité.
  • L’agroforesterie, comme une approche dynamique d’intégration des arbres dans les cultures au champ, pour profiter des produits et services environnementaux, relatifs aux arbres.
  • L’horticulture : également appelée arboriculture ou floriculture selon qu’il s’agit de la culture des arbres fruitiers ou des fleurs, elle représente selon l’Ingénieur, la culture des fleurs et arbres fruitiers dans les jardins autour des maisons d’habitation.
  • L’Apiculture : elle est plutôt reconnue comme une domestication des abeilles dans le but d’obtenir des produits d’une valeur nutritive et marchande, en contribuant à préserver les écosystèmes dynamiques dont l’agriculture est tributaire. Outre tous ces domaines, Kighoma évoque également la foresterie, la chasse, l’écotourisme, la gestion des déchets, l’artisanat, la presse de la nature, ou encore la recherche et la conservation.

Pratiques de conquête des débouchés des produits de l’entrepreneuriat vert

Ces pratiques incluent trois principaux outils à savoir : le business, le management et le canevas. A leur tour, ces outils renferment neuf gros éléments à savoir :

  1. La définition du problème ou le besoin. Il est dans ce cas, question de savoir si le produit ou le service qu’on lance sur le marché vient résoudre quel problème relatif au secteur vert.
  2. La définition des clients : c’est plutôt l’identification des potentiels consommateurs du produit que vous larguez sur le marché. Ils peuvent être catégorisés selon l’âge, l’adresse, le niveau d’instruction et autres.
  3. La proposition de la valeur : elle prend en compte l’offre unique. Elle est à cet effet, définie en répondant à un certain nombre des questions, parmi lesquelles : quelle valeur apportons-nous au client ? Quels problèmes contribuons-nous à résoudre ? à quels besoins répondons-nous ? Quel type de valeur apportons-nous ? quelle nouveauté ? quelle performance ?
  4. Les solutions : celles-ci doivent plutôt être des biens ou des services issus d’une production ou d’une conception ou alors d’une prestation. Et, les produits ou services disponibles doivent être rares, aptes à satisfaire le besoin, ils doivent être pour autant accessibles, disponibles et durables.
  5. Les canaux : ce sont des voies d’accès ou moyens de communication. Cela inclue aussi, des contacts avec les segments des clients pour leur apporter des propositions de valeur. Ces voies sont aussi les différents mécanismes via lesquels les produits sont écoulés, distribués ou vendus, ou encore, les différents contacts qui entrent en lice pour matérialiser la chaine allant de la production à la consommation, via la commercialisation.
  6. L’évaluation des sources des revenus : il s’agit dans ce cas, de faire un focus sur des aspects comme l’abonnement de certains bénéficiaires du produit, la durée d’obtention du produit, les gains ou profits réalisés, les marges des bénéfices,…
  7. La structure des coûts : elle implique la définition des couts qui peuvent être fixes, variables, faisant de ce fait, appel à une économie d’échelle, une économie d’envergure… C’est à titre d’exemple : les couts de publicité, de distribution, d’hébergement,…
  8. L’évaluation des indicateurs clés : c’est un pilier qui remet l’attention sur l’horizon que l’on voudrait atteindre. Elle peut faire appel aux aspects temporels et ceux définissant les techniques d’atteinte des résultats escomptés.
  9. Les avantages déloyaux : ici, le focus est mis sur la concurrence. L’entrepreneur s’efforce alors de comprendre ou alors imposer à son produit, une particularité liée à son produit, ou mieux ce qu’aucun de ses concurrents ne saurait pirater.

Les stratégies de conquête du marché

Il en existe plusieurs.  Mais seules quatre ont retenu l’attention :

  • La stratégie de Frane : elle consiste pour un entrepreneur, à cacher son côté positif, et à ne présenter que sa face faible. Il peut cacher par exemple sa face économique, ses moyens, le temps pour lui, d’observer et d’étudier ses concurrents.
  • La stratégie de front : elle consiste elle, à montrer ses moyens ou sa force de pénétration du marché et faire face aux concurrents.
  • La stratégie de coup fort : elle se traduit par un atterrissage forcé sur le marché en concurrence loyale.
  • La stratégie de harcèlement : elle consiste à attaquer les concurrents sur plusieurs champs d’action.

Lire aussi : le rôle des journalistes dans la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement

Zoom sur les produits et services de l’entrepreneuriat vert

PRODUITS SERVICES
1.      Bois d’œuvre et construction ;

2.      Bois de chauffe et charbon ;

3.      Tuteurs, fibres, paille ;

4.      Légumes, fruits, miel ;

5.      Graine, chenille, fourrage ;

6.      Champignons, cosmétiques ;

7.      Médicaments, semences ;

8.      Tanin, épices ;

9.      Produits alimentaires dans leur diversité ;…

a)     Construction, énergie ;

b)     Sécurité alimentaire ;

c)      Pharmacopée ;

d)     Diversification des revenus agricoles ;

e)     Création d’emplois ;

f)        Augmentation de la conservation et fertilisation des sols ;

g)     Régulation du micro-climat ;

h)     Stabilisation et protection des bassins hydrographiques ;

i)        Lutte antiérosive ;

j)        Séquestration du carbone ;

k)      Restauration des terres dégradées ;

l)        Lutte contre les mauvaises herbes ;

m)   Lutte biologique contre les insectes nuisibles ;…

Quelques contraintes

Les contraintes sont nombreuses dans le domaine de l’entrepreneuriat vert. L’on note par exemple, l’insuffisance des compétences professionnelles, l’absence des regroupements profitables et d’une démarche de coopérative ; l’absence des cabinets d’appui-conseil au secteur vert, pour assurer la capacitation des uns et des autres, le manque ou l’inexistence d’une politique sérieuse pour travailler avec les entrepreneurs verts ; l’insuffisance des moyens financiers et techniques ; la concurrence accrue dans le contexte de la mondialisation…

John TSONGO, Journaliste et écrivain Africain passionné des questions de science, environnement et recherche des solutions aux problèmes du millénaire

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