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RDC/Nature: un miel, mille vies… - PANA RADIO
RDC/Nature: un miel, mille vies… - PANA RADIO

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Le miel du Nord-Kivu en RDC, est un miel par excellence sur le plan qualité et quantité. « Il est un aliment simple, riche, qui ne subit aucune transformation chimique comme les aliments qui proviennent des industries… »

Il est riche en vitamines, riche en minéraux, riche en antioxydants, et contient beaucoup d’autres éléments qui contribuent à la régénération du corps humain. « Il est un aliment de base, classé parmi les trois principaux aux côtés du lait et des œufs ». C’est pourquoi, il doit être incorporé dans le quotidien alimentaire de l’homme.

Drôle, en dépit de toutes les valeurs que ce produit représente, il est demeuré depuis longtemps ignoré du grand public. Peu de gens le connaissent ou alors ne le connaissent que de nom sans en connaître les vertus.

D’autres ne savent pas en revanche, qu’au delà d’être un aliment, le miel est une thérapie irréprochable, mais aussi un danger pour la santé, si le processus de son obtention, son traitement, son conditionnement, sa commercialisation, sa manipulation, et sa consommation même,… sont entachés d’irrégularités qui pourraient être intentionnelles, techniques, chimiques ou de quelle autre nature que ce soit.

Avec l’évolution de la science, le secteur du miel attire de plus en des chercheurs… Ils sont soit des Médecins, des scientifiques rivés sur le développement durable, les naturothérapeutes et j’en passe…

Grand pôle de production et de consommation du miel, le Nord-Kivu reçoit du miel fourre-tout ! Il provient de ses quatre coins qui sous-tendent les 6 territoires qui lui sont voisins, des pays voisins, et n’est malheureusement pas contrôlé…

Il faut que ça cesse! Car impropre, le miel est une arme suicidaire mais silencieuse, prévient le chercheur Kighoma…

Enseignant d’universités, consultant en apiculture et en apithérapie, apiculteur senior incontournable, manager environnemental, chercheur et secrétaire exécutif du centre Managériale pour le développement intégral CEMADI (plateforme d’acteurs dans le monde apicole), l’ingénieur Chef des travaux Alphonse PALUKU KIGHOMA, a présenté aux scientifiques, acteurs étatiques, apiculteurs, journalistes et autres acteurs de la filière miel en province, ce jeudi 23 Février 2023 à Goma, les résultats d’une étude scientifique intitulée : « Briefing sur l’apiculture en province du Nord-Kivu: les valeurs qualitatives et quantitatives du miel de Goma et son rôle dans l’alimentation humaine »

Séance tenante, PALUKU KIGHOMA a expliqué tout ce qui a entouré sa recherche. Du circuit commercial du miel consommé à Goma en passant par son conditionnement, sa teneur chimique, ses bienfaits et méfaits sur la santé jusqu’à ce que doit faire le gouvernement Congolais pour asseoir la filière miel en province,… tout a été évoqué.

Dans les heures qui ont suivi son exposé, KIGHOMA a accordé un entretien à bâton rompu à la radio Panafricaine. Il a eu le temps de balayer tout ce qui a entouré sa recherche.

Pana radio : Bonjour Ingénieur, chef des travaux Alphonse PALUKU KIGHOMA ! Vous avez menée une étude sur la filière miel au Nord-Kivu, et tantôt vous venez de présenter ses premiers résultats… Pour quelle motivation l’avez-vous menée ?

Alphonse PALUKU KIGHOMA (APK): c’est l’accroissement du taux de malnutrition à Goma en particulier et en général en province du Nord-Kivu qui nous a poussé dans cette aventure.

Pana radio: D’où provient le miel consommé à Goma ?
APK: oui! Nous avons travaillé sur le secteur du miel: les origines, la nature et la qualité nutritive de ce miel là vendu en ville de Goma.

En effet, le miel vendu à Goma provient des 6 territoires que compte le Nord-Kivu, une partie de la province de l’Ituri, une autre de la Tshopo, du Haut Uélé, du Sud-Kivu, du Tanganyika et du Maniema. Une autre quantité provient des pays étrangers : Ouganda, Rwanda, même des Emirats Arabes Unis, à Dubaï en Asie.

Pana radio: Quelle est la différence entre le miel du Nord-Kivu et celui venu d’ailleurs ?

APK: Le miel produit au Nord-Kivu est de haute qualité. Parce qu’il est produit dans la diversité des climats de la province, comparativement à d’autres miels qui sortent d’autres régions, parce que les analyses physico-chimiques effectuées sur les échantillons des différents miels retrouvés sur les marchés de Goma, ont prouvé que le miel produit au Nord-Kivu est de bonne qualité. Que ce soit celui produit sur les collines que celui produit dans les savanes le long du parc national des Virunga, et celui produit dans les forêts; le miel du Nord-Kivu regorge beaucoup de qualités nutritives et alimentaires, susceptibles de contribuer à la baisse de l’insécurité alimentaire.

Comparativement au miel importé d’ailleurs. Car les résultats des analyses physico-chimiques ont démontré que le miel venu de l’extérieur est moins qualitatif par rapport au miel produit en province du Nord-Kivu.

Pana radio: En travaillant sur le conditionnement du miel, quels sont les problèmes que vous avez identifiés dans ce domaine ?

APK: Dans l’aspect conditionnement puis le mode d’emballage du miel trouvé sur le marché durant nos études, nous avons constaté qu’il y a un problème sérieux lié aux vases de conditionnement de ce miel. Le deuxième problème, c’est le moyen de transport : les engins, les véhicules, les moyens appropriés pour le transport selon les normes hygiéniques des produits alimentaires comme le miel, font défaut au Nord-Kivu.

Et ça affecte la qualité du miel commercialisé et vendu sur le marché. Et cela constitue un danger à la consommation de la population parce qu’un miel impropre à la consommation car infesté par des éléments pathogènes, ne convient pas pour l’alimentation. Et cela n’est pas un problème de l’apiculteur, encore moins du vendeur… C’est plutôt un problème du manque des moyens et de la sous-information de celui qui commercialise et achemine ce miel à Goma après sa production.

Pana radio: Que gagne-t-on en consommant du miel ?
APK: La consommation du miel porte beaucoup d’avantages: Parce que « le miel est un aliment simple, riche, qui ne subit aucune transformation chimique comme les aliments qui proviennent des industries…

Le miel est un aliment riche en vitamines, riche en minéraux, riche en antioxydants, et contient beaucoup d’autres éléments qui contribuent à la régénération et à la reconstruction du corps humain. Il est un aliment de base, classé parmi les trois principaux aux côtés du lait et des œufs. C’est pourquoi, il doit être incorporé dans le quotidien alimentaire de l’homme.

Pana radio : 1 sur 2 enfants du Nord-Kivu est malnutri, selon la division du plan. Et en même temps, vous affirmez que que c’est le Nord-Kivu qui renferme le miel de qualité à même de contrer l’insécurité alimentaire… Une contradiction non ?

APK: Quelques facteurs sont à la base de cela. En fait, le miel est moins connu par l’opinion et la communauté. Nombreux ne connaissent pas le miel au vrai sens du terme, parce qu’il n’est pas vulgarisé.

Aussi, les acteurs à différents niveaux ne s’impliquent pas pour la promotion de ce métier d’apiculture. Bien plus, le niveau de vie lié aux conséquences de la guerre et de la pauvreté, font que, même si le miel est disponible, la population n’a pas des moyens pour s’en procurer, soit ne connaît pas où avoir ce miel, ou encore, n’a pas suffisamment d’informations sur l’existence du bon miel en tel ou tel endroit, car peu sont ceux qui s’intéressent mieux au secteur du miel.

Voilà qui fait que les gens meurent de malnutrition, pendant qu’à côté d’eux, il y a une très bonne qualité et quantité du miel très nutritif, convoité par les pays voisins, par les autres nations; pendant que nous souffrons de la malnutrition.

Pana radio : Un mauvais miel est un poison! Selon vos dires. Et entre-temps, la population ne sait rien de ce qui est à faire pour identifier du bon miel… quid ?

APK: Il est très simple d’identifier un bon miel à l’œil nu, suite à un certain nombre de caractéristiques :
1. Un miel sale, comportant des débris : des herbes, des pattes et ailes d’abeilles, les résidus des rayons, et consort,… Ce miel n’est pas propre. Et par conséquent, n’est pas consommable.

2. Également, la qualité et le statut de la personne qui vous vent du miel: est-elle qualifiée, formée, connaît elle ce qu’elle fait ?

3. Tout miel qui fermente, renferme en son sein, une mousse, des champignons, des protozoaires et/ou levures… Ce sont des microbes. Et quand vous consommez un tel miel, vous avalez aussi les microbes. C’est pourquoi, pour reconnaître le miel, il faut qu’il soit propre, produit par une personne formée et qualifiée.

Que son miel soit bien entreposé, et que la personne qui vous le vent, sache quoi elle vent et que ce soit sur recommandation de quelqu’un de qualifié, un médecin ou un nutritionniste…

Pana radio: Si vous avez une idée salutaire pour le redressement de la filière miel, que recommanderiez vous au gouvernement Congolais ?

APK: les recommandations sont nombreuses.

1. Que notre gouvernement prenne en charge le secteur du miel : l’apiculture. Qu’il évite la marginalisation du secteur. Que le secteur du miel soit valorisé au même titre que les autres secteurs de relance de la sécurité alimentaire. Parce que dans notre province et notre pays en général, on parle plus d’autres espèces d’élevage et on oublie souvent celui des abeilles, alors que ce secteur est un pivot pour booster la productivité ou l’accroissement du rendement pour les autres secteurs comme l’agriculture, la protection de l’environnement, l’alimentation, la nutrition, la santé, et les revenus.

C’est donc un secteur qui est au centre du déclenchement du développement de tous ces autres secteurs. Mais il est ignoré et personne n’en pense. Notre gouvernement doit donc incorporer dans les actions de lutte contre l’insécurité alimentaire, la lutte contre le chômage, contre le réchauffement climatique et quand nous parlons de la RDC en tant que pays solution face aux défis du changement climatique, que l’apiculture en fasse partie; pour faire profiter et faire consommer aux Congolais les richesses que regorge notre pays, je parle ici du miel riche, plein des vitamines et de tous les éléments possibles pour reconstituer la santé humaine.

2. L’ouverture à Goma, de la « maison du miel du Kivu » à laquelle seront joints un laboratoire d’analyses mellifères et un centre d’apprentissage apicole ;

3. La mise en route d’un programme permanent d’enseignement de la population sur les bienfaits et méfaits du miel sur la santé, le conditionnement, la détection du miel de qualité, la vulgarisation du miel du Kivu;..

4. Le miel doit faire partie du quotidien alimentaire de nos familles. Et cela, ne peut être possible que si l’État prenne comme je l’ai évoqué tantôt, le miel pour << un pivot dans le paquet de lutte contre l’insécurité alimentaire >>.

Pana radio : Ingénieur chef des travaux Alphonse PALUKU KIGHOMA, la radio Panafricaine vous remercie.
APK: merci beaucoup pour porter haut le goût et les mérites de la science au service de la population.

En 2018, lors de la foire Internationale sur l’apiculture Africaine, tenue à Abuja au Nigeria, le miel congolais et en particulier celui de la partie nord de la province du Nord-Kivu, a été classé troisième meilleur en terme de qualité, D’où, la nécessité de s’organiser pour garder cette compétitivité qui constitue une plus value pour l’apiculture de la région.

Ainsi donc, pour ses vertus thérapeutiques, sanitaires, pécuniaires, et autres,… Le miel devait accompagner notre vie quotidienne.

John TSONGO THAVUGHA / Goma-RDC

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