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Nord-Kivu : La gouvernance et desserte en eau, une innovation ? - PANA RADIO
Nord-Kivu : La gouvernance et desserte en eau, une innovation ? - PANA RADIO

La « Régie provinciale du service public de l’eau », c’est la nouvelle autorité suprême de régulation des enjeux autour de la desserte, la gouvernance et la gestion des investissements dans le secteur de l’eau en province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo, conformément à la loi sur l’eau datant de 2015.

La régie provinciale du service public de l’eau, qu’est-ce exactement ? quelles sont ses responsabilités ? Quelles sont ses forces, ses limites et ses innovations ? c’est autour de toutes ces préoccupations que cet article tente d’apporter des réponses.

En effet, lors d’un entretien à bâton rompu avec le coordonnateur de la Régie provinciale du service public de l’eau au Nord-Kivu Monsieur Jules SIMPENZE Banga, ce Jeudi 26 Janvier 2023 à Goma, il a été question de tirer au clair tout ce qui se rapporte au service dont il est désormais responsable depuis Mai 2022, conformément à un arrêté signé par le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant Général Ndima Kongba Constant.

Pana Radio : Bonjour, Jules SIMPENZE Banga ! Vous êtes depuis Mai 2022, le coordonnateur de la Régie provinciale du service de l’eau, pouvez-vous nous le présenter s’il vous plaît ?

Jules: Merci beaucoup ! La régie provinciale du service public de l’eau est, comme vous venez de le dire, un nouveau service technique, qui va appuyer le gouvernement provincial du Nord-Kivu, dans son rôle de maîtrise d’ouvrages. Et ce rôle de maîtrise d’ouvrage a été conféré aux provinces par la loi 15/026 du 31 Décembre 2015, relative à l’eau.

Pana Radio : De ce fait, que vient faire concrètement faire la régie ?

Jules: La régie vient donc servir de bras droit au gouvernement provincial, dans la mise en œuvre de cette loi de 2015. Parce que la loi elle-même, demandait aux provinces, de se doter des régies provinciales, pour s’occuper des ouvrages du secteur d’eau potable.

Pana Radio : Quel est de ce, la mission de la régie ?

Jules : Elle a la mission de suivre le développement des ouvrages. Cela suppose les entretiens, les extensions, des réseaux d’eau potable. Le gouverneur étant trop pris à la tête de la province, ne saura pas s’occuper de tous les détails. C’est pourquoi la régie va être là, pour le faire et lui faire rapport.

La régie a aussi pour mission, de pouvoir suivre les contrats, des services publics de l’eau que l’autorité provinciale va signer avec les opérateurs. La régie va suivre la performance des opérateurs. Elle va suivre et défendre les intérêts de la population en matière d’accès à l’eau potable.

La régie a donc beaucoup de choses à faire et elle va préparer les dossiers, préparer les contrats des délégations des services. La régie va soumettre des contrats bien rédigés à la signature de l’autorité provinciale. La régie est donc une pièce maîtresse dans l’amélioration des conditions du service public de l’eau dans la province.

Pana Radio : cette régie, ne vient-elle pas interférer dans les responsabilités de la Regideso, organe légalement reconnu pour la gestion du secteur ?

Jules : Dans la présentation des missions de la Regideso, vous n’avez pas entendu parler du maintien des ouvrages. La régie va s’assurer que les opérateurs à qui la République a confié la mission de donner de l’eau potable à la population, est bien faite. Donc c’est ça la mission de la régie. Elle n’est pas un opérateur comme la Regideso comme Jibu, Congo maji,… mais la régie c’est un service public de l’état, un service provincial.

Beaucoup de gens pensaient évidemment que la Regideso venait pour être opérateur… Mais non, parce que la loi sur l’eau n’a pas autorisé à la province de gérer les ouvrages. C’est donc ça entre autres la réforme qui est venue avec la loi.

Dans le temps, la Regideso en tant que service de l’état gérait les services publics de l’eau, ce qui fait que l’état devient juge et partie. Et quand il n’y a pas de performance, ou des incompétences constatées, personne ne sanctionne, tout simplement parce que l’état ne peut se sanctionner ni se contrôler lui-même ; et le législateur a fait que l’état puisse se libérer de cette tâche là, d’étendre le service public, de le confier à des opérateurs privés, qu’il va maintenant contrôler. En ce moment là, il peut sanctionner. Mais dans le temps avant 2015 que la loi n’était pas encore entrée en vigueur, Il était impossible de contrôler la performance de l’opérateur parce que l’état qui devait contrôler était lui-même opérateur. Donc aujourd’hui notre service (la régie) vient maintenant faire ce travail là au nom de l’État et emmener les gens à être performants.

Pana Radio : que sera le sort de Celui qui sera hors critérium ?

Jules: Celui qui ne sera pas performant, qui n’aura donc pas rempli le contrat de performance comme il se doit, alors que lui-même aura signé, la province le remplacera par un autre. Et ça, ça va emmener les opérateurs à être plus compétitifs et à faire un effort pour améliorer la qualité des services, parce que dans le problème de gouvernance dont on vous a parlé, il y a un problème de gouvernance sérieux.

Pourquoi, parce que quand quelqu’un vous dit qu’il n’a pas des recettes alors qu’il gère un réseau d’eau potable, des tels arguments ne passent pas. Alors tout ça, sont des choses qui intéressent la régie et qui vont pousser les gens à bien faire le travail au profit de la population.

Pana Radio : Monsieur Jules SIMPENZE Banga, je rappelle que vous êtes le coordonnateur provincial de la régie provinciale du service public de l’eau au Nord-Kivu, je vous remercie.

Jules : c’est moi qui vous remercie et vous exhorte à vulgariser les réformes qu’apportent cette loi auprès de la population à travers le secteur de l’eau.

Sans eau suffisante, potable ni permanente, la province du Nord-Kivu est l’une des plus moins desservies en cette denrée l’on estime à à peu près 33 % de desserte, et ce, malgré ses ressources en eau composées notamment des lacs, des rivières et une nappe phréatique bien adéquatement alimentée.

Ainsi donc, la mise en place de la régie provinciale du service public de l’eau et toutes les innovations qu’elle apporte, la libéralisation du secteur de l’eau, la mise sur pied du plan directeur de la desserte en eau à travers la province… vont-elles relever les défis d’accès à l’eau potable ? Il y a peut-être lieu d’espérer.

John TSONGO et Denise KYALWAHI/Goma-RDC

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