EN DIRECT
COP28 : Encore des promesses ! Et après ? - PANA RADIO
COP28 : Encore des promesses ! Et après ? - PANA RADIO

Le groupe d’étude intergouvernemental sur le climat GIEC, ne cesse d’alerter que « les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 43 % d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050, pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à +1,5 degré. Mais les Etats parties à la conférence mondiale sur le climat s’emblent s’en méfier. Lors du rendez-vous de la COP28 en 2023, les violons ne sont encore pas accordés sur l’abandon des énergies fossiles. Pourtant en elles-seules, les énergies combustibles produisent plus de 82 % des gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique. Des interpellations et des engagements en faveur de changer les habitudes pour sauver le monde, ont encore animé la catéchèse de la COP 28. Quid des engagements pris ? Quelles chances ont-elles pour sauver la planète ? Cet article lève le voile autour du suspens.

« La Terre en a ras-le-bol des accords sur le climat qui ne sont pas respectés », a déclaré d’un ton ferme à l’ouverture de la COP 28, le président Brésilien Lula Ignasio da Silva. « La Terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la Terre », a insisté pour sa part, le roi britannique Charles III à la même occasion. « Nous ne pouvons pas sauver une planète en feu avec une lance à incendie de combustibles fossiles », a déclaré en outre toujours à la même occasion, Antonio Guterres, secrétaire Général de l’ONU.

Lire aussi : Cop-28 : La RDC face à un foncé entre ses gains et ses potentialités

Ce sont trois grandes opinions de trois grandes gens, sur la scène du leadership mondial. Tous ont été la COP 28, « une conférence sur le climat, jugée critique pour accélérer la transition vers un monde décarbonné »… Voilà pourquoi elle doit s’achever sur fonds du respect de ce que recommande la science : « une fin (« réduction » ou une « sortie ») programmée des énergies fossiles ».

Plusieurs conférences se sont tenues pour scruter la même question, reste alors à savoir si cette fois-ci sera la bonne. Depuis qu’elle se tient, la conférence des parties sur le climat COP, a toujours rencontré un triple problème : l’insouciance nourrie par l’inconscience, le refus d’agir par un sentiment protectionniste des intérêts égoïstes, le mépris de scientifiques et des pays pauvres qui alertent sur le niveau du danger et qui subissent les revers du changement climatique, respectivement.

Voilà qui a depuis des années, abouti au refus délibéré du décaissement des fonds devant être tous les temps décaissés enfin de permettre aux communautés des pays pauvres l’adaptation, la résilience ou la participation aux efforts de lutte contre le changement climatique. Les 100 milliards de dollars votés lors de la COP 27 pour appuyer l’Afrique en matière de lutte contre le changement climatique ne sont restés qu’un slogan, alors que les effets du bouleversement planétaire ne se sont pas arrêtés.

Les Etats pollueurs manquent-ils d’argent pour tenir ces promesses ?

C’est juste un simple manque de volonté, si l’on s’attarde à la déclaration de la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley. En effet, dans sa déclaration à la COP, Mia Mottley a déclaré je cite : « Une taxe mondiale de 0,1% sur les services financiers, par exemple, pourrait rapporter 420 milliards de dollars », alors qu’une « taxe de 5% sur les bénéfices liés au pétrole et au gaz en 2022 aurait rapporté environ 200 milliards de dollars », fin de citation. Poser un geste en faveur du climat, n’est donc qu’une question de volonté.

Les entraves des énergies fossiles

Les grands pays qui donnent des leçons, sont aussi ceux qui polluent le plus. Les Etats-Unis sont par exemple selon Radio France Internationale, est parmi les Etats qui ont battu le record en termes d’exploitation, d’utilisation et d’exportation des énergies fossiles. Pourtant, en elles-seules, les énergies fossiles produisent 86% des gaz polluants. Voilà qui justifie même l’interrogation de la ministre colombienne de l’Environnement Susana Muhamad : « Si 86 % des émissions (de gaz à effet de serre) sont produites par la combustion d’énergies fossiles, pourquoi ne pas envisager d’arrêter cette production au fil du temps ? » s’interroge-t-elle. Or, sa préoccupation parait bien évidemment l’idéal.

Mais qui ignore que pareille résolution entrave les intérêts de plusieurs ?

« Montrez-moi la feuille de route d’une sortie des énergies fossiles qui soit compatible avec le développement socio-économique, sans renvoyer le monde à l’âge des cavernes », allègue le président de la COP28 lui-même, Monsieur Al-Jaber. Cette déclaration met de facto en cause, son annonce dans laquelle il affirme que « Les Émirats lancent un fonds privé géant de 30 milliards de dollars pour la transition », annonce faite par lui-même dans son discours d’ouverture de la COP28. En quoi alors doit-on croire entre ses deux messages ? Ça sent comme qui dirait, l’horreur du flou, sinon, de la contradiction.

Les âmes doivent accepter certaines défaites pour le bien des générations futures

« Nous menons une expérience effrayante de changement de l’ensemble des conditions écologiques en même temps, à un rythme qui dépasse les capacités de la nature », là, c’est le roi Charles III qui interpelle le monde. Il obtient l’appui d’Antonio Guterres « habité par le péril climatique » qui lui, veut voir le  G20 s’assumer. Le G20 qui représente 80% des émissions mondiales, s’il faut le préciser.

Le financement est aussi nécessaire pour changer la donne

Outre la volonté et l’engagement des uns et des autres à changer les choses, la lutte contre le changement climatique est une utopie, sans moyens. Antonio Guteress, Lula Ignacio da Silva, tout comme le roi britannique Charles III, ont tour à tour, « plaidé pour une réforme de la finance mondiale adaptée aux nouveaux défis ».

Depuis bien longtemps, les Etats pollueurs ont aussi été ceux qui ont bloqué le décaissement de la finance en faveur du soutien aux efforts contre le changement climatique. Cela n’a cessé de plus en plus, de compromettre les efforts déjà entrepris. Encore lors de la COP28, les promesses se sont entassées les unes sur les autres. « Plus de 40 promesses financières totalisées depuis le début de la COP », ont été documentées, par le Natural Resources Defense Council, un groupe de plaidoyer qui revendiquent trois millions de membres et de 700 scientifiques. Seize d’entre les promesses avancées en outre, concernent les Pertes et dommages, informe pour sa part Radio France Internationale. Elle précise en revanche, que le fonds pertes et dommages, a aussitôt été opérationnalisé. Il est désormais doté de 700 millions de dollars, contre un peu plus de 400 les jours antérieurs.

Parmi les pays qui ont encore une fois souscrit pour le financement des actions, l’on mentionne l’Allemagne en tête avec presque 200 millions de dollars promis (la moitié pour les pertes et dommages), vient ensuite la France avec près de 160 millions, et l’Italie qui elle, promet 100 millions de dollars.

Dans le même angle d’idées, s’il faut le préciser, la France, le Kenya, la Barbade et les autres, s’engagent à faire un front commun pour la cause. « Avec la Barbade, le Kenya et plusieurs autres, nous lançons une « task force internationale » qui devra rendre ses conclusions au G20 de Rio pour mettre en place une taxation internationale lors de la COP 30 » au Brésil en 2025 », a laissé entendre le président français Emmanuel Macron à Dubaï.

Lire aussi : Nord-Kivu : Mise en place du plan d’aménagement et de gestion du bassin hydrographique du lac Kivu, GIZ et ABAKIR à l’œuvre

Entre alternatives, transition énergétique et engagement, l’Afrique brise les humiliations et se maintient au front

Elle maintient la vie de la planète certes, mais jamais l’Afrique n’a bénéficié du fonds autant mobilisé que promis. Pourtant, quoique ses émissions de gaz ne représentent qu’autour de 3%, le continent consacre entre 5 et 15 % de son PIB dans la lutte contre les effets du changement climatique. Mais en dépit de ce revers, plusieurs chefs d’Etats présents à la COP, ne se sont pas empêchés d’assurer qu’ils poursuivraient leurs efforts dans la lutte contre le changement climatique.

C’est le cas de Ruto du Kenya, de Felipe Nyusi du Mozambique, d’Emmerson Mnangagwa du zimbabwé ou encore de Denis Sassou Nguesso du Congo Brazza. Ruto a par exemple vanté le succès du sommet de Nairobi, « qui a abouti à un consensus des chefs d’États africains », il a à cet effet, plaidé pour « le triplement des énergies renouvelables pour sortir du charbon, enfin de favoriser la transition énergétique ». Il faut, dit pour sa part le président du Mozambique, Felipe Nyusi, « considérer l’opportunité que représente les crédits carbone et améliorer le stockage de CO2 ». Si la Namibie, propose de côté le développement de sa filière de l’hydrogène vert, le Congo-Brazza mise sur le rôle vital du bassin du Congo « en tant que régulateur mondial du carbone ».

Fort de tous ces acquis et apports pour une lutte réussie, Ruto confirme que « l’Afrique est prête à jouer pleinement son rôle dans la lutte contre le changement climatique… ».

L’agriculture, un autre levier à prendre en compte dans la lutte

Nul ne peut prétendre l’ignorer : l’élevage et l’Agriculture produisent une quantité importante des gaz polluants. C’est pourquoi tous ces deux services doivent être organisés, pour se rassurer que leurs émissions sont contrôlées. Selon decodagri.fr,  « les chiffres qui circulent toujours dans le débat public, l’élevage émettrait 14,5 % de gaz à effet de serre, tandis que le transport ne dépasserait pas 14 % ».

Eu égard à cela, il s’avère important que les deux secteurs bénéficient d’un financement, c’est aussi le vœu de la secrétaire générale de l’organisation des agriculteurs asiatiques pour le développement durable, Esther Penunia. Pour elle, « les gouvernements doivent travailler au côté des réseaux de paysans pour s’assurer que les promesses de Dubaï se traduisent en politiques concrètes et financées…».

Lire aussi : Monde : le  rôle du journaliste dans la lutte contre le réchauffement climatique et la sauvegarde de l’environnement (conférence de presse)

Tenez : dans le cadre du soutien au domaine agricole, les Émirats arabes unis ont initiée une déclaration y afférente. Ils ont à cet effet, bénéficié du soutien de l’Union européenne, la Chine et le Brésil. Ces pays s’engagent à soutenir « les agriculteurs et les autres producteurs de denrées alimentaires vulnérables, notamment en augmentant les financements, en renforçant les infrastructures et en développant des systèmes d’alerte précoce », à en croire l’esprit de la déclaration. D’après les données révélées lors de la COP28, 439 millions de petites exploitations familiales sont « la clé du changement requis ».

Contradictions, initiatives, bonnes intentions… Mais attention !

Même si les uns et les autres pourraient feindre d’ignorer les effets fâcheux du changement climatique, GIEC ne cesse d’alerter : « les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 43 % d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050, pour pouvoir limiter le réchauffement climatique à +1,5 degré ». Au peuple du monde entier de s’assumer.

John TSONGO : cofondateur de la radio Panafricaine, Journaliste et écrivain Africain, passionné des questions de science, d’environnement et recherche des solutions aux problèmes du millénaire

Votre opinion est précieuse, commentez