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Climat et journalisme : le grand sauveur invité à la piste - PANA RADIO
Climat et journalisme : le grand sauveur invité à la piste - PANA RADIO

Depuis 31 ans maintenant, le monde consacre une journée à la presse, sous un thème spécial. Pour l’an 2024, le monde a choisi d’attirer l’attention des journalistes sur les questions liées à l’environnement, le changement climatique et le réchauffement climatique et ses conséquences sous le thème je cite : «  La presse au service de la planète : crise environnementale et urgence du journalisme ». L’Union Nationale de la presse Congo Section du Nord-Kivu, a choisi pour parler de cette question, le réseau des reporters sur la Biodiversité REREBIO. L’UNPC a aussi associé à ce débat, Châtaignes Djuma Kiza,  une spécialiste en éducation environnementale, venue du fonds mondial pour la nature WWF bureau de Goma, pour brosser les généralités sur cette question d’urgence.

Parmi les Invités issus du REREBIO, l’on note Denise Kavira Kyalwahi : Denise KAVIRA: Journaliste cofondatrice de Naturelcd.net, membre du groupe des négociateurs sur le climat AGNES, coordonnatrice du réseau des Reporters sur la biodiversité REREBIO, pigiste chez IJNET et collaboratrice de  Info Nile.

 John TSONGO : Journaliste cofondateur de la Radio Panafricaine, membre du réseau des Journalistes Africains sur l’environnement Africa21, lauréat de la bourse Nelson Mandela du centre international sur la santé publique en Afrique (CPHIA) de l’Union Africaine, membre du REREBIO, membre de l’équipe de rédaction de Naturel cd, un média thématique environnemental, écrivain et poète.

Cette publication fait un zoom sur la présentation de John TSONGO. Quels sont les dégâts liés aux effets du réchauffement climatique ? Quels sont les dégâts attribuables à ce phénomène ? Quels sont les ressentis éloquents du réchauffement climatique ? Que doivent faire les journalistes face à ce fléau ? Peut-on encore changer la donne ? C’est autour de toutes ces questions que cette publication apporte des réponses.

Lire aussi :  Webinaire: Liens entre le réchauffement climatique et les catastrophes naturelles quid ?
  1. Les dégâts humains

Le réchauffement climatique fait des victimes chaque jour qui passe. Et ce qui étonne c’est que chaque année, le nombre des victimes va croissant.

Tableau 1 : Valeurs numériques prototypiques des décès liés au réchauffement climatique

Num Année Moyenne de décès par année Région
01.   De 1998 à 2017 1121 Monde
02.   2022 61 672 Europe
03.   2022 379 Afrique
04.   2023 166 000 Monde

Commentaires:

Entre 1998 et 2017, l’ONG Urgence climat dit avoir constaté une moyenne de 1121 décès chaque année, aux cotés de 2,2 milliards de dollars perdus suite au réchauffement climatique, tel que nous montre le tableau ci-dessus.

En 2022, la chaleur étouffante a tué environ 61 672 personnes uniquement en en Europe. Et, ces chiffres sont sous-estimés, il faut le reconnaitre, mais il importe tout de même de signaler que ces chiffres ne concernent que le vieux continent, à en croire le rapport de l’ONU.

Pendant ce temps, au cours de la même année, cette fois-ci en Afrique, les fortes pluies et les inondations ont tué 379 personnes en 2022. Les mêmes phénomènes ont affecté autour de 1,9 million de personnes au cours de la même année. Les personnes concernées ont perdu leur maison, leurs cultures et leurs animaux, et cela a encore accru les vulnérabilités préexistantes sans bafouer justement la croissance des besoins humanitaires.

En 2023, le réchauffement climatique qui se manifeste bien évidement sous les facteurs comme les inondations, la malnutrition, la diarrhée, le paludisme et les maladies cardiovasculaires, a encore ramené la courbe des décès à 166 000 victimes par an d’après le rapport de l’ONU relayé par Euronews en  Février 2024.

Attention !

Le chercheur, Colin Carlson assure que la crise climatique tue chaque année presque autant de personnes que la population de Genève. Il ajoute en précisant que le réchauffement de la planète a également entraîné une surmortalité due aux famines, aux conflits, aux suicides, aux incendies des forêts et à des dizaines de maladies chroniques et infectieuses telles que la dengue.

Autres ressentis éloquents du réchauffement climatique

Le réchauffement se manifeste par l’augmentation ou la diminution de la température. Cela se fait suivre d’une perturbation du cycle des pluies et des saisons, des fortes chaleurs ou canicules, de la fonte des glaces, perte de la biodiversité, des inondations spectaculaires,…

L’ONU qui se penche de façon permanente sur cette question, a démontré en Octobre 2022, qu’en France par exemple, la température globale est allée jusqu’à 1,7 degrés Celsius, soit un surplus de 0,5 degrés de l’augmentation globale attendue, telle que régulièrement suivie par les experts du GIEC. Pourtant, nuance l’ONU, tel n’a pas été le cas depuis l’épisode d’entre 1900 et 1930…

En date du 10 Avril 2024, au Mali la température est allée au-delà de 45 degrés Celsius, et cela a entrainé la mort de 130 personnes, suite aux étouffements. Des bêtes sont aussi mortes et d’autres conséquences plus graves encore ont été notifiées.

Ce n’est pas tout ! Au Kenya, la journée du 2 Mai a été marquée par pour « un cauchemar climatique », caractérisé notamment par des inondations qui ont envahi toute la ville, coupant la circulation sur toutes les artères. Mais il faut aussi préciser pour le Kenya que, ce pays enregistre le plus souvent des pénuries récurrentes d’eau, influencé bien évidement par son rapprochement vis-à-vis du désert d’Afrique de l’Est.

Ainsi donc autant de manifestations autant visibles que palpables laissent voir que le réchauffement climatique n’est plus à prendre pour un simple fait divers.

Réchauffement climatique, pourquoi nul n’est épargné ?

Il a été démontré scientifiquement qu’au bout de 7 jours, un gaz polluant, peu importe son lieu de production, se repend à travers le monde. L’on ne doit donc pas se soustraire des effets de ce fléau, tout le monde est victime, bien que de façon non identique.

Et la RDC ?

La RDC tout comme l’Afrique, semble n’être pas à jour de ce qui évolue au sujet des enjeux du réchauffement climatique. Pourtant, elle est, non seulement partie prenante à la solution mais aussi victime de ce qui se passe chaque jour qui passe. La RDC, n’a pas su développer sa diplomatie climatique, et c’est ce qui fait qu’elle apparait toujours en position de faiblesse, même quand il s’agit de repartir les fonds affectés au processus d’adaptation aux effets du réchauffement.

Nyamukubi, Bushushu, Kalemie,… que dire encore ?

En RDC, précisément à Bushushu et Nyamukubi, plus de 450 personnes sont mortes, des centaines d’autres portées disparues et des centaines de blessés suite aux inondations du 4 Mai 2023.

Des centaines d’écoles sont toutes emportées par les eaux, entrainant plus de 3153 élèves sans toits de classes. Même les quatre écoles des localités environnantes celles de Minova par exemple, ont été, jusqu’à la rentrée de 2023-2024 (septembre), occupées par les déplacés desdites inondations. L’on ne compte pas les plus de 3000 maisons touchées par le même drame, C’est un exemple très éloquent, quand on sait que des centaines d’hectares des champs ont aussi été détruits.

Ce n’est pas tout !

Dans la province du Tanganyika, la remontée des eaux du lac Tanganyika ont déjà entrainé un déplacement forcé de plus de 28 000 ménages, ils sont obligés de se réfugier dans les villes environnantes, à l’instar de Kalemie, capitale de la même province. La même catastrophe a déjà entrainé des destructions des maisons et plusieurs autres dégâts non documentés.

L’on ne fait même pas allusion ici, au charriage des terres à Moanda, aux larges de la frontière de la RDC avec l’océan atlantique. Toutes ces manifestations devraient pousser les autorités à agir.

Les gouvernements face au gout de la négligence…

Lire aussi : COP28 : Encore des promesses ! Et après ?

Les gouvernements du monde entier ont engagé au moins 9 000 milliards de dollars (8 200 milliards d’euros) pour lutter contre le Covid-19, ajoute Colin. Mais curieusement, moins de 100 milliards de dollars sont mobilisés pour les questions liées au réchauffement climatique. Pourtant, rien que pour la santé, 143 millions de dollars (132 millions d’euros) sont affectés au processus d’adaptation au climat dans ce secteur sanitaire, et cela chaque année.

Qu’est-ce qui pourrait nous arriver ?

Entre 2030 et 2050, le changement climatique devrait provoquer environ 250 000 décès supplémentaires par an, rien qu’en raison de la malnutrition, du paludisme, de la diarrhée et du stress thermique. Et ces estimations sont de l’OMS, qui estime pour sa part depuis des années que le changement climatique et la pollution atmosphérique constituent une crise mondiale.

Quid de l’impact du réchauffement climatique sur l’emploi ?

Dans l’un de ses récents rapports, l’organisation Internationale du Travail OIT, estime que 80 millions d’emplois seront perdus suite au réchauffement climatique si rien n’est fait.

Regard des scientifiques sur les risques actuels et à venir

Lee, président du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat GIEC est quant à lui formel : en février 2022, il déclarait déjà je cite : «Il montre que le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète. Les mesures prises aujourd’hui façonneront l’adaptation de l’humanité et la réponse de la nature aux risques climatiques croissants. » Fin de citation. Lee prévient alors, que les risques pour la société augmenteront, y compris pour l’infrastructure et les établissements humains sur les côtes de basse altitude. Bien évidement avec la montée du niveau des mers, des lacs et des océans, le cas du lac Tanganyika est éloquent.

Ce qui attend le monde

 

Dans cette optique, le monde sera confronté à de multiples aléas climatiques inéluctables au cours des deux prochaines décennies avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C (2,7 °F). « Le dépassement, même temporaire, d’un tel niveau de réchauffement entraînera des conséquences graves supplémentaires, dont certaines seront irréversibles », préviennent déjà les scientifiques… Mais qui, pour les écouter ?

Lire aussi :  Santé et environnement : quels liens entre les Épidémies et la nature ?

Le réchauffement climatique pourrait entrainer d’ici 20100, plus de 250 000 décès chez les enfants. Selon ce rapport publié par l’Organisation météorologique mondiale, il existe une probabilité de 66 % que la température annuelle moyenne près de la surface de la Terre entre 2023 et 2027 soit supérieure de plus de 1,5 °C aux niveaux préindustriels pendant au moins une année.

Quelles solutions sont-elles envisageables ?

Le GIEC a, à maintes reprises, rappelé aux citoyens du monde des astuces à mettre en œuvre pour atténuer les risques… C’est notamment la culture des transports en commun moins polluants, manger plus de légumes que des viandes, réduire les déchets, réduire la pollution numérique, réduire la consommation de l’électricité, réduire la déforestation, mettre en œuvre les acquis de la transition énergétique (recours aux énergies renouvelables, faire une agriculture durable :

(Car en soi, l’agriculture produit deux principaux gaz à effet de serre à l’occurrence le méthane et le protoxyde d’azote. Pourtant, le méthane à lui seul, est 28 fois plus réchauffant que le dioxyde de Carbonne (CO2), reconnu presque du commun de mortel comme polluant par excellence). Une autre quantité des polluants provient plutôt des élevages bovins, notamment des déjections animales des rizières, et là, c’est plutôt pour ceux qui pratiquent l’élevage à grande échelle.

L’agriculture émet deux principaux gaz à effet de serre : le méthane et le protoxyde d’azote. Le méthane, 28 fois plus « réchauffant » que le dioxyde de carbone, provient des flatulences des bovins, des déjections animales et des rizières.

Pourquoi tous ces chiffres ? Quel intérêt pour les journalistes ?

Réponses : c’est juste pour faire voir l’ampleur du problème, vous mettre dans la peau du réchauffement climatique et surtout montrer pourquoi et comment nul n’est épargné.

Le Journaliste face aux enjeux du réchauffement climatique, défis et responsabilités…

Lire aussi : Monde : le  rôle du journaliste dans la lutte contre le réchauffement climatique et la sauvegarde de l’environnement (conférence de presse)

Lors des différentes taches de répartition des responsabilités vis-à-vis du réchauffement climatique, les scientifiques ont souvent par (erreur), oublié les journalistes. Pourtant ce sont les journalistes qui façonnent le monde ou mieux décident de son destin. Et aujourd’hui, parmi les grandes causes des échecs dans la lutte contre les effets du réchauffement climatique, figurent la transigeance sur le rôle crucial des journalistes et des médias. Il y a aussi cette méfiance des journalistes vis-à-vis des questions du climat et de l’environnement en général… C’est donc un défi jusqu’à présent non relevé.

Mais doivent faire les journalistes ?

Il faut des éco-journalistes : « des journalistes écologiques », prêts donc à se lever pour défendre la cause de l’avenir de la planète car toute vie en dépend. Face aux enjeux actuels liés au climat, « Le journalisme a besoin d’une nouvelle éthique pour faire face à cette crise écologique », comme défend le chercheur Miller. et pour y arriver, les différentes réflexions sur l’implication des journalistes dans les questions du climat, doivent prendre en compte les éléments tels que :

  • L’extension de l’espace éditorial consacré à ces sujets via la création d’émissions dédiées, de numéros spéciaux, de compléments éditoriaux ; comme Future Planet5, à l’invention d’un espace ouvert aux interrogations des publics avec conseils pratiques ;
  • La mise en place d’une logique de journalisme de solutions dédié à la cause environnementale afin de convaincre les citoyens de s’impliquer dans la réduction de leur empreinte carbone, la modification de leurs modes de vie, la sobriété́ numérique ;
  • L’apparition d’un traitement privilégié́, dans la logique du renouveau de la vérification de faits (fact checking), de la question de la négation du réchauffement climatique et de son cortège de fake news ;
  • L’ouverture des « coulisses » des médias de l’information dans le cadre d’une stratégie de conquête des jeunes publics particulièrement acquis à la cause environnementale.
  • La participation aux enquêtes ou des investigations sur les questions du réchauffement climatique ;
  • Accompagner les populations à s’adapter à certains effets du changement climatique, à participer à l’atténuation des effets du changement, à comprendre les enjeux du bouleversement mondial ;

L’appel est donc sans équivoque ! Car, autant on parle de l’« Urgence Climatique », autant on doit parler de « l’urgence informationnelle sur le climat ».

 

 John TSONGO : cofondateur de la radio Panafricaine, Journaliste et écrivain Africain, passionné des questions de science, d’environnement et recherche des solutions aux problèmes du millénaire

                                                                                                                                               

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