Autant que les aliments sont source de la vie, autant ils sont source de la mort. Pourtant, chacun mange pour vivre ! Mais, tout le monde mange-t-il pour vivre ? Ou carrément nombreux sont ceux qui mangent pour mourir ?
Très nombreux y pensent ! Et certains qui le font ne sont pas entendus, ou alors sont mal vus. Pourquoi cet état de chose alors que personne ne peut vivre sans manger ? Et, même si chacun peut manger, les aliments mangés sont-ils réellement de qualité ? Qu’est-ce qui contribue à la détérioration des aliments ? Comment faire pour que les aliments consommés soient réellement propres à la consommation et procurent la vie plutôt que la mort ? Comment arriver à mettre en place une plateforme multicolore susceptible de développer une politique alimentaire adaptée aux villes et communes de la RDC ?
C’est en perspective d’apporter des solutions concrètes à ces défis que le trio RIKOLTO, Mairie de Goma et LICOSKI initient depuis un temps en République Démocratique du Congo, des échanges de réflexion autour de ces questions, dans le but de mettre en place une « plateforme multi acteurs », en mesure de former « des ambassadeurs de la promotion de la gouvernance des systèmes alimentaires urbains » à travers les différentes villes du pays.
En ville de Goma par exemple, le trio RIKOLTO, Mairie de Goma et LICOSKI a organisé lundi 22 Avril 2024, un dialogue qui a mis au prise des acteurs issus des écoles, des services étatiques, des associations de promotion de la consommation locale ou de la défense des droits des consommateurs, ou encore des associations diverses, enfin de réfléchir ensemble sur les normes à observer pour la production, la manipulation et la sécurité des aliments, par le biais des systèmes alimentaires urbains.
L’objectif de ce dialogue est plutôt de mettre en place une plateforme multi-acteurs avec une mission « de valider un comité, de rédiger un cahier des charges », pouvant faire « l’objet d’un plaidoyer en vue de la définition et de la mise en œuvre de la politique alimentaire de la ville de Goma » au Nord-Kivu.
Une stratégie planifiée…
L’idée matérielle de cette initiative est, selon le conseiller en Agrobusiness au sein de l’organisation RIKOLTO Oscar Hangi Ndemere, de « travailler en synergie et non en acteurs isolés » pour assoir « une plateforme qui sera comme un cadre de plaidoyer mais aussi de réflexion sur comment améliorer la gouvernance au niveau des systèmes alimentaires en ville de Goma ».
Mais comment y arriver ?
Tout dépend « de l’engagement de chaque acteur selon le rôle qu’il est appelé à jouer dans le système », répond Oscar. Ainsi, chaque acteur doit signer un acte d’engagement en vue « d’une connexion entre acteurs pour que dans l’accomplissement des rôles de chacun, les acteurs se complètent mutuellement et progressivement, enfin de laisser la plateforme prendre forme » et faire des systèmes alimentaires une réalité en ville de Goma.
Les acquis…
Ce dialogue a plutôt permis à chaque participant de prendre part aux échanges approfondis sur cette question d’importance vitale. Et, à en croire les explications de Janvier Kabare, président de la ligue des consommateurs des services du Congo-Kinshasa (LICOSKI) et modérateur du dialogue, la valeur ajoutée de cette plateforme, c’est qu’elle s’affiche comme « un bras technique aux services des autorités communales, urbaines et provinciales ». Les membres de la plateforme seront donc chargés « de produire des notes techniques et des propositions des mesures qui seront prises par les autorités pour assainir le secteur »… Oui, car l’idée est d’amener « Goma à vivre de sa production, rimant ainsi avec la campagne « produisons et consommons local » pour donner un plus en termes de force à l’économie locale et nationale ».
Par ailleurs, outre ses aspects techniques, ce dialogue était aussi revêtu des aspects pédagogiques. C’est le cas de sa partie traitant des questions liées à la sécurité sanitaire des aliments. Pour Armel Tena, l’un des partenaires de RIKOLTO et qui développé cette thématique, la sécurité sanitaire des aliments permet de « garantir la qualité précise de ces aliments ». Et la population doit veiller là-dessus. Cela suppose, explique-t-il, que chaque personne connaisse les dangers liés aux aliments une fois mal entretenus, et tout faire pour en assurer un bon soin. C’est pourquoi, interpelle-t-il, la gestion des aliments doit aussi tenir compte de l’environnement, car ce dernier transmet directement ses facultés aux denrées alimentaires, sensées pourtant être tout le temps propre, pour la bonne santé de la population.
Politique alimentaire et environnement
Les acteurs au dialogue se sont aussi, se réjouit Oscar, engagés à développer cette approche tout en misant sur la protection de l’environnement. Ils sont alors, « des ambassadeurs chacun dans son rayon et doivent véhiculer le message de protection de l’environnement mais aussi des messages à rapport avec le respect des normes pour faire à ce que notre travail de chaque jour se fasse dans un environnement sain et assaini », dit-il.
C’est pourquoi, abondant dans le même sens, Janvier KABARE précise que la plateforme multi acteurs issue de ce dialogue doit mettre en place un système de gestion des immondices urbaines car mal gérées, « elles nous créent des problèmes sur notre santé » encore que fait-il voir, « nous sommes ce que nous mangeons ». Il renchérit et fait voir que « bien gérés, les déchets constituent une opportunité pour la relance des activités agricoles ».
Une solution à un problème réel
La matière traitée au cours de ce dialogue ne s’écarte d’aucune réalité de la vie, reconnait Eudoxie Nzyavake, membre du conseil de la fédération des entreprises du Congo (FEC) section du Nord-Kivu et chargée du programme access de la commission des femmes entrepreneures au sein de cette chambre de Commerce.
Pour elle, la matière reflète une réalité vécue dans la région. Ce dialogue est donc venu « nous réveiller, et nous rappeler que nous devons nous réveiller et observer ce que nous mangeons pour avoir une alimentation saine et cela pour l’intérêt de notre santé ». Eudoxie est confiante que la plateforme vient apporter des solutions aux problèmes réels de la population, encore qu’elle associe des acteurs étatiques.
S’il faut y revenir, en Mars dernier à Goma, RIKOLTO a pris activement part à la foire agro-industrielle et artisanale organisée par Maarifa asbl, en collaboration avec partenaires et entrepreneurs, dans la perspective de booster l’esprit et le gout du consommons local au sein de la population, une approche du patriotisme économique par excellence.
John TSONGO et Oredy MUSANDA