Une parmi les trois principales villes du Nord-Kivu en RDC, la ville de Goma connait depuis un temps, un remodelage dans son secteur de transport en commun.
De l’identification des opérateurs des taxis bus et voitures, à la peinture jaune sur des taxis, en passant par l’identification des motards, leur processus de dotation en gilets avec numéro et QR code,… Sont autant d’innovations apportées dans ce secteur par le duo Kabeya MAKOSA François et Kapend Kamand Faustin, respectivement Maire titulaire et adjoint de Goma, depuis qu’ils sont à la commande de la ville, à dater de l’instauration en province du Nord-Kivu, de l’État de siège.
Pour que ces mesures soient acceptées par la population, il a fallu trop de gymnastiques de conviction, car les oppositions qui les ont émaillé auront été nombreux.
Quoiqu’il en soit, plusieurs interrogations reviennent toujours : lesdites mesures ont-elles été prises pour le simple plaisir ? Y a-t-il une plus value qu’elles ont apporté dans la ville, que ce soit du point de vue sécuritaire ou social ? Ont-elles été prises par fantaisie ou pour des mesures purement sécuritaires ?
C’est à toutes ces questions que d’aucuns se posent que le Commissaire supérieur Principal Kabeya MAKOSA François, maire de Goma tente d’apporter réponse. Nous vous convions à lire le contenu de son entretien à bâton rompu, qu’il a accordé à la presse de la mairie et du commissariat provincial de la police.
Presse-Mairie/police : Commissaire supérieur Principal Kabeya MAKOSA François, bonjour ! Vous êtes le Maire de Goma, quel état de lieu faites vous du service de taxi dans votre ville ?
Maire: le secteur du taxi dans ma ville se porte bien. Sauf que j’ai constaté que plusieurs conducteurs ont placé des vitres teintés sur leurs véhicules. Et Cela nous empêche de voir tout ce qui se passe à l’intérieur. C’est là que nous comptons appeler les responsables des corporations des conducteurs pour qu’on voies comment enlever ces vitres teintées. Parce que nous devons voir tout ce qui se passe à l’intérieur des véhicules. C’est clair, comme c’est un moyen de transport en commun, nous devons avoir le contrôle sur tout ce qui se passe dedans.
Mais en ce qui concerne les motos, il y a un problème. Parce que les anciennes habitudes d’extorsion des sacs à main des citoyens par des hommes assimilables aux motards, ont repris. Nous assistons de plus en plus à des cas des personnes transportées sur des motos, puis tuées et jetées dans les eaux du Lac-Kivu.
Cela ne nous a pas enchanté. Raison pour laquelle j’ai demandé que les motards soient identifiés. Qu’il leur soit doté des gilets portant un numéro d’identification et un QR code, pour qu’on sache qui est qui, il vient d’où et il fait quoi.
Parce que, on ne peut pas permettre que tout le monde fasse ce qu’il veut sans le contrôle de l’Etat. Il y en a des gens qui s’improvisent motards, ce n’est pas correct.
Presse-Mairie/police: il y a quelques mois, vous avez décidé de faire peindre les voitures et bus en couleur jaune… Pourquoi ?
Maire: C’est pour deux raisons : la première, c’est conformément à la loi de la République qui préconise que les taxis soient peints aux couleurs nationales. La deuxième est sécuritaire : depuis que les taxis sont peints en couleur jaune, il y a moins de criminalité en ville. Et les cas de kidnapping ont sensiblement diminué.
Avant, que nous n’ayons exigé la peinture jaune, il y a des bandits qui opéraient et que nous ne savions pas contrôler.
Presse-Mairie/police: S’agissant de la question d’identification et du port diurne des gilets par les motards, les violons ne s’accordent pas entre eux et vous les autorités. Certains s’y opposent et d’autres sollicitent une mesure de clémence… Qu’en pensez-vous ?
Maire: Cela est un jeu de ping-pong. En effet, ça fait déjà une année que nous avons lancée l’opération d’identification des mords et le port des gilets. Pour essayer de savoir qui est qui, qui fait quoi, mais aussi différentier la moto taxi d’autres motos des particuliers.
Mais jusque-là, vous sentez qu’il y a des gens qui s’entêtent, qui ne veulent pas que les motards puissent se faire enrôler, se faire identifier, et ne veulent non plus qu’ils portent leurs gilets enfin qu’ils soient connus.
Même vous là, quand vous montez sur une moto, vous savez que le motard porte tel gilet, avec tel numéro,… Et comme ça, s’il y a un problème, on sait comment on peut retrouver le conducteur à partir du fichier.
Et aujourd’hui, si ça tarde à venir, je sais qu’il y a certains présidents des corporations, qui bloquent le processus. Ils demandent plus d’argent aux motards. Ce qui se fait voir, n’est donc pas un problème de refus des motards. On veut demander plus! Ces présidents ont exigé 15 dollars Américains. Alors moi, je suis descendu jusqu’à 10 dollars à payer par chaque conducteur, pour être identifié, et avoir un gilet avec numéro et un code QR.
Mais les gens des corporations ne veulent pas. Et ce sont eux qui sont en train d’envenimer la situation pour que les choses n’avancent pas correctement. Et nous sommes en train de mener des enquêtes pour dénicher et voir, quels sont ces présidents là qui nous bloquent et comme ça on va mettre la main sur eux et les mettre à la portée de la justice.
Parce qu’ils sont en train d’enfreindre une mesure sécuritaire prise pour sécuriser la population.
Presse-Mairie/Police : Pour le cas d’espèce, la ville de Goma est coincée et exposée par des éventualités d’infiltration à grande échelle car l’ennemi (M23-RDF) rode tout autour,… Votre attention est-elle aussi une brèche sur cet aspect ?
Maire: Oui! C’est pourquoi nous avons dit que les présidents des corporations devraient être les premiers responsables dans le processus d’identification, car nous devons avoir un œil regardant sur tout ce qui se passe dans la ville pour le bien de la population.
Ceux qui veulent s’y opposer, qu’ils n’utilisent alors plus la voie publique. Parce que s’ils osent le faire, ils vont nous trouver. Et nous ne nous laisserons pas faire, car la force reste à la loi et que nul n’est au dessus de celle-ci.
Presse-Mairie/Police : quel message donnez vous à la population qui le plus souvent est lésée par les mouvements de grève des transporteurs de motos taxis ?
Maire: Les habitants montent sur des motos sans savoir qui les transportent. Mais c’est à nous de les sécuriser. Il y en a qui montent sur des motos pour lesquelles le motard ne porte pas de gilet, il peut être kidnappeur, ou criminel, soit là qu’ils vont ils connaissent un accident,… Et cela nous préoccupe en tant qu’autorité de la ville.
Nous prenons donc des mesures qui sont pour la plupart sécuritaires, et non pour un simple plaisir de les prendre; mais pour aider notre population. Les motards s’entêtent! Il y en a ceux qui viennent en groupe et perturbent l’ordre public, mais écoutez, ceux qui seront arrêtés savent quel sort leur sera réservé.
Nous allons prendre des mesures draconiennes pour protéger notre population. Cette population ne doit pas s’exposer en montant sur des motos dont les conducteurs ne sont pas identifiés et sont donc des inconnus. Nous avons un droit de regard, sur tout ce qui se passe, pour que notre population vive en paix.
John TSONGO et Furaha MASIMENGO