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Tchad : Les inondations à N’Djaména - PANA RADIO
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Les sinistrés broient du noir.

Après les dernières grosses pluies que la ville de N’Djaména a enregistré au cours du mois d’août, plusieurs maisons et concessions sont écroulées, créant ainsi des sans abris. Des écoles et autres établissements ont été pris comme refuges par les victimes de ces inondations. Entretemps, elles sont livrées à elles-mêmes, face aux intempéries et autres maladies hydriques.

Sont-ils condamnés à être des éternelles victimes de inondations dans la ville de N’Djaména ? Quel mal les sinistrés des inondations dans la ville de N’Djaména ont commis pour être oubliés et livrés à eux-mêmes de la sorte ? Pana Radio est allée à la rencontre de ces sinistrés du quartier Walia, dans la commune du 9e arrondissement de N’Djaména et ceux d’Atrone dans le 7e arrondissement.
Depuis la première grosse pluie du 1er août dernier, plusieurs ménages tchadiens sont livrés à eux-mêmes, bravant les intempéries et autres maladies cutanées et hydriques. Ils se sont refugiés dans les établissements publics et autres lycées de la ville de N’Djaména. Malheureusement leur situation, compte tenu des énormes quantités de pluie, qui ne cesse de tomber, leur situation devient de plus en plus critique.

A 8 heures 30 minutes, après la pluie matinale qui venait de tomber, nous sommes, dans l’enceinte du lycée de Walia, dans la commune du 9ème arrondissement. La cour est totalement inondée. Des enfants s’amusent tout autour avec des pneus et autres couvercles des ustensiles. Plus loin, sont assises des femmes avec leurs enfants sur le dos et/ou sur leurs genoux, assis dans les couloirs des salles de classe. Alors que les portes des salles sont restées hermétiquement fermées, certaines de ces femmes sinistrées avec leurs progénitures au dos, sous les bras et aux épaules sont obligées de rester sous des arbres et au mur.
La tristesse et la désolation se lisent sur leurs visages. C’est le même cas, de plusieurs autres victimes des inondations, logées dans plusieurs lycées et certains sont admis au centre de santé de la capitale que nous avons sillonné.
Au lycée de Walia, les sinistrés sont composés majoritairement des femmes et des enfants. L’on compte environs plus de 640 personnes. Elles sont sans abris, sans aucune couverture sanitaire, encore moins une assistance alimentaire en cette période ou le gouvernement a décrété l’urgence alimentaire.
Ne peut-on pas prévoir ces inondations ?
Bien que la pluie reste un phénomène naturel qui apparait chaque année, pourquoi les autorités communales n’anticipent pas sur les inondations ? Telle est la question que l’on se pose face à ce drame. Pourtant, selon une enquête réalisée par les spécialistes du domaine, la ville de N’Djaména est une zone à risque, sensible aux inondations. Elle est, de ce fait, classée parmi les zones les plus menacées par les inondations du pays. Et, cela ne date pas d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui empêche donc à la commune centrale de prendre des mesures pour trouver une solution définitive et adéquate.

Si pour la plupart des villes d’Afrique, la saison pluvieuse doit être l’une des saisons d’allégresse, de bonheur, de bénédiction, au Tchad et plus particulièrement à N’Djaména, c’est un moment de clavaire pour bon nombre de nos concitoyens. Des milliers des familles sinistrées, les maisons écroulées causant des pertes en vie humaine et de matériels, des routes impraticables sont enregistrées chaque année.

Le cri des sinistrés…

De l’avis du délégué des sinistrés du lycée de Walia, M. Oumar Ngartah, le Tchad n’est pas un pays de droit comme les proclament nos autorités. «Si seulement on respecte le droit de l’Homme dans ce pays, et si on accorde une importance à la population, depuis notre arrivée, le 02 août 2022, suite à la grosse pluie du 1er août, nous pouvons déjà avoir de la visite d’une autorité quelconque. Le Maire de la commune du 9ème, qui est le premier responsable de la commune, n’est même pas venu nous voir, ne serait-ce que compatir avec nous en ces moments difficiles que nous traversons », a-t-il déclaré sur un ton désespéré.

Cette situation, d’après le délégué des sinistrés, découle de l’irresponsabilité de la Mairie du 9ème arrondissement. « J’accuse le maire du 9ème d’être complice, sinon il peut bien intervenir pour notre cause s’il se soucie vraiment du bien-être de sa population. Nous sommes tous venus de sa circonscription », insiste le délègue Oumar Ngartah.
En revanche, il est difficile, voire impossible de trouver les graines d’arachides mettre sous la dent. C’est ce qu’explique une mère de trois (3) enfants, rencontrée devant le Lycée de Walia : « On nous traite comme si on était des refugiés sur une autre terre. Avoir de la nourriture ou de la moustiquaire est un véritable problème. Personnellement, moi je suis obligée de confier mes enfants aux particuliers au quartier ou ils peuvent trouver de quoi à ménage », s’est laissée entendre.
Cette mère n’est pas la seule à se lamenter, Mbaiwodjim Nasson, le chef de manage et père de 8 enfants, rencontré au site de l’école La Léproserie d’Habbena : « C’est Dieu qui nous protège ! Vous pouvez être là pendant la nuit afin de constater comment nous causons avec les crapauds et les moustiques. Les salles qui nous abritent sont sans portes ni fenêtres, nous sommes à la merci des intempéries de toutes sortes », déplore Nasson.
Oumar Ngartah s’interroge en ces termes « C’est dans ces conditions que l’on parle du dialogue afin de permettre de jeter les nouvelles bases de l’histoire du Tchad. De quelle histoire parle-t-on ? Pendant que les autorités de la transition refusent d’écouter les cris des pauvres citoyens qui ne demandent que l’amélioration de leur situation sociale ».
Le délègue Oumar demande par ailleurs, l’implication du Président du Conseil Militaire de Transition pour répondre aux besoins des sinistrés. Ceci afin d’assurérer une bonne transition.
Contrairement aux sinistrés de Walia dans le 9eme arrondissement, ceux de lycée de Gassi dans le 7eme arrondissement dénoncent quant à eux, la mauvaise gestion, dans la distribution des dons destinés à leur endroit. Ils affirment que, le comité en charge de la gestion des inondations, n’assure pas une gestion transparente de la chose.

Où est le comité de gestion des inondations…?

La mise sur pied du comité de gestion des inondations, est une manière de mettre les charrues avant les bœufs. Sinon, comment comprendre que, la saison pluvieuse qui était un phénomène naturel peut autant surprendre les autorités tchadiennes ?
D’après les informations, ce comité mis en place pour gérer les inondations n’existent que de nom. Il s’avère que, ce comité est là pour embellir la ville. Les mêmes sources indiquent, que les biens destinés pour soulager les souffrances des sinistrés sont distribués entre amis et familles. « Les sinistrés sont au lycée de Walia, et la distribution est faite au sein de la commune du 9ème arrondissement, comment peut-on comprendre cela ? », nous informe un sinistré.
Il faut dire que, nous avons tenté d’avoir la version du maire du 9eme mis en cause dans cette affaire, mais celui-ci a refusé de se prononcer.

Madjilem Alphonsine

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