Le phénomène des enfants Mouhadjirine était considéré au sein des sociétés anciennes comme l’un des piliers de l’éducation. Mais aujourd’hui, ce système éducatif a pris une autre tournure, et constitue un danger public. Pana Radio a fait un tour dans les rues et marchés pour s’enquérir de la situation. Le reportage.
La formation et l’éducation constituent une phase très importante de la vie d’un individu, et plus particulièrement d’un enfant.
En effet, les enfants appelés communément ‘mouhadjirine’ sont soumis pour la plupart à des situations ou à un traitement que l’on peut qualifier de maltraitance.
Les enfants, faut-il le rappeler, sont un don de Dieu, mais aussi un défi pour la société. Alors que, ce défi est loin d’être relevé par bon nombres des personnes et l’Etat le garant de la protection de cette couche vulnérable.
Selon la convention relative aux Droits des Enfants, dans son article 1, l’enfant est un être humain qui n’a pas encore 18 ans. Et mérite d’être protégé par les parents, les instruments juridiques, l’Etat et la société dans son ensemble.
Il est 9h, nous sommes à la place de la Nation ; en face du Palais Rose. C’est là où le phénomène des enfants talibés est plus que visible. Ils font des va et vient, avec leurs tasses en mains. Prêts à tendre la sébile aux passants. C’est ce qui trouble ainsi la circulation, tout en mettant en danger leur propre vie et celle des usagers. Ils s’accrochent à tout usager dans l’intention d’avoir quelque chose.
D’après les témoignages des usagers interrogés, ces enfants seraient venus du Nigeria, du Soudan, de la Lybie, etc. ceux-ci ont fuit la guerre dans leur pays, affirment-ils. Parmi eux, il y a aussi les enfants tchadiens venus de certaines provinces du pays. Ces enfants sont parfois abandonnés par leurs parents, ou orphelins et d’autres sont forcés à cette pratique. Nous explique Tamibé, un vendeur ambulant, rencontré sur les lieux.
En outre, d’autres déclarent que ces enfants font de la mendicité, leur gagne pain quotidien. Car ils sont à cet endroit du matin au soir et c’est chaque jour.
Dans certaines pratiques religieuses, notamment, l’Islam, ces enfants mouhadjirine sont confiés à un maître coranique qui les initie à l’enseignement coranique. De nos jours, cette éducation ouvre la voie à la maltraitance des enfants notamment, l’enlèvement qui se solde par la disparition pour la plupart des cas.
Pour une mère de l’un des enfants rencontrés sur les lieux, le danger est bien réel mais elle n’a pas le choix « Je suis consciente du risque que courent les enfants en se livrant à la mendicité. Nous n’avons pas d’autres activités génératrices de revenues. Mes enfants et moi vivons à la générosité des particuliers », s’est-elle confiée.
De l’avis de Sociologue, Mbeté Félix, la mendicité est connue dans le milieu religieux étant un « ordre de mendiant ». Il renchérit que, ce sont des gens qui se consacrent à 100% pour la prière et qui sortent quémander leur repas. Et le plus souvent, ce sont les adultes qui le font, a précisé, le Sociologue.
Une étude récente, réalisée dans la région la plus touchée par la mendicité du pays, le Lac-Tchad, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer, il y a une forte probabilité que ces enfants seront retransformés dans l’extrémisme violent, a-t-il indiqué.
Le Sociologue de mentionner que le taux des enfants mouhadjirine dans les rues à Bol est plus élevé que la population elle-même.
Les conséquences de la mendicité sont nombreuses et fâcheuses…
Pour Mbeté Felix, les conséquences sociales de la mendicité, peuvent être l’enlèvement, l’utilisation de ces derniers pour d’autres fins à savoir l’exploitation des mines, la délinquance, le vol, la criminalité, et aussi dans les mouvements dangereux à savoir la pornographie, le terrorisme, etc. cette situation, découle fondamentalement, de l’échec de l’éducation, occasionnant ainsi la misère et la pauvreté de la société toute entière. Parfois, « ce sont ceux qui ont essayé à l’école, et que ça n’a pas marché, ils se retrouvent dans les rues par faute d’un encadrement idéal ».
Mbeté Félix, propose quelques pistes de solutions…
En sociologie ou dans toute autre discipline, un problème à toujours un début, une origine et une fin. Alors pour mettre fin à la mendicité au Tchad, il faudrait bien soigner la société tchadienne en instaurant un système de l’éducation approprié. A titre illustratif, l’on parlera de l’actuel Président de la Colombie, Gustave Péro qui était un ancien rebelle a déclaré que : « L’école va être gratuite du primaire à l’université ». Il affirme, par ailleurs qu’il utilisera une partie du budget de l’armée pour l’éducation, en revendant les 10 avions de chasses commandés par son prédécesseur. Ceci afin de ne plus parler de la guerre mais désormais de l’éducation. Malgré que le Gouvernement a pris un interdisant la mendicité sur le territoire national, le phénomène persiste.
Madjilem Alphonsine