EN DIRECT
RDC-PETROLE : Des appels d’offres autour des blocs pétro gaziers, entre blocage et réticence des majors, que comprendre ? - PANA RADIO
RDC-PETROLE : Des appels d’offres autour des blocs pétro gaziers, entre blocage et réticence des majors, que comprendre ? - PANA RADIO

Warning: Attempt to read property "post_excerpt" on null in /htdocs/wp-content/themes/newsup/single.php on line 88

Il n’est plus un secret pour personne ! « Sortir du tout minier »… enfin de faire des hydrocarbures une locomotive économique, est l’actuelle grosse ambition de Félix Tshisekedi, président Congolais pour le reste de sa gouvernance. Mais cela rencontre la réticence des majors.

Les autorités du Congo-Kinshasa rêvent faire de ce pays, « l’un des géants des hydrocarbures en Afrique » ! Le ministre congolais des hydrocarbures, Didier Budimbu est fier de l’affirmer ! Oui, car les terres congolaises renferment selon plusieurs études, 22 milliards de barils de pétrole et 66 milliards de mètres cubes de gaz naturel.

Et oui, parce que c’est autour de 30 milliards de dollars par an, l’argent que génèreraient ces ressources une fois exploitées, s’il faut croire aux estimations de Kinshasa.

Ce vœu, quoique plus prisé par le gouvernement, « est contesté par les ONG environnementales et ne semble pas aiguiser l’appétit des majors… ». Pourtant, pour diversifier son économie, Kinshasa veut à tout prix accélérer l’exploitation de 30 blocs (3 gaziers 27 pétroliers) en lieu et place de 16 comme initialement prévu.

Blocage dans le processus d’appels d’offres… Pourquoi ?

C’est en Octobre 2022 que les appels ont été clôturés, du moins pour les trois blocs gaziers du Lac-Kivu, après leur annonce depuis Juillet de la même année. En principe, la clôture de ces appels d’offres se ferait en Janvier 2023. Mais ceux relatifs aux blocs pétroliers, ont été prolongés.

Seules deux américaines (Symbion Power & Red (bloc Makelele) et Winds Exploration and Production LLC (bloc Idjwi), et une canadienne, Alfajiri Energy Corporation (bloc Lwandjofu), ont été sélectionnées de toutes les treize qui ont soumissionné pour l’offre d’exploitation du gaz sur le Lac-Kivu.

Alors que Kinshasa tente de se nourrir d’espoir pour un aboutissement heureux du processus, dans le monde d’outre-mer, le pessimiste prend le dessus sur l’espoir et la confiance de réussir. « Les acteurs qui ont soumissionné pour les blocs gaziers présentent peu de références sur le marché. Et, quand de parfaits inconnus arrivent dans un appel d’offres, ce n’est jamais bon signe pour la suite », confiait il ya peu, le Directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris, à Paris), Monsieur Francis Perrin.

Les ONGs environnementales, à l’œuvre de l’échec du processus ?

Greenpeace, Rainforest Foundation, Extinction Rebellion et Réseau pour la Conservation et la réhabilitation des écosystèmes forestiers (Cref), travaillent visiblement pour faire bâcler les ambitions de Kinshasa, pour, se convainquent-ils, « éviter un désastre pour le climat, la biodiversité et les populations locales ».

Dans la même affaire, Perrin revient en pointant du doigt un autre délit du gouvernement congolais, lié cette fois-ci à la communication « Avancer des données peu crédibles (22 milliards de barils de pétrole et 66 milliards de mètres cubes de gaz naturel, ndlr) peut calmer les ardeurs des pétroliers en raison du peu d’explorations qu’il y a eu en RDC », estime-t-il, surtout en sa peau de  spécialiste de l’industrie extractive. Il pense que le ministre congolais des Hydrocarbures devrait  « opter pour plus de prudence ».

Il est aujourd’hui difficile de comprendre si oui ou non, il y aurait une rivalité entre les firmes qui ont gagné et celles qui n’ont pas su glaner le marché. Car, la mémoire retient qu’un moment, Didier Budimbu – a été mis en cause dans une note d’Oil Change International pour avoir conclu, à Paris, un accord secret concernant l’octroi de certains blocs avec le magnat nigérian Chukwuma Ayodeji Ojuroye et le cabinet de conseil américain GeoSigmoid… Quoi qu’il nie cela en alléguant que « Tout a été fait dans les règles de l’art ».

Un retard justifié…

« Après que l’octroi des permis gaziers a pris du temps pour se finaliser, j’ai jugé bon de donner plus de temps aux sociétés soumissionnaires pour préparer leur dossier », explique Budimbu, pour justifier le retard encaissé dans le règlement des questions relatives aux appels d’offres.

Mon ministère, poursuit-il, « doit également avoir le temps nécessaire pour exécuter les roadshows en vue de promouvoir nos blocs pétroliers ». Point n’est en outre besoin de le rappeler, qu’il était initialement prévu qu’en janvier 2023, le traitement de tous les dossiers soit déjà clos. Il a été repoussé en avril et le verdict du processus des appels d’offres pour les 27 blocs pétroliers devrait finalement être rendu en octobre 2023.

D’après les normes, « le processus d’attribution de licences d’hydrocarbures prend d’ordinaire entre 12 et 15 mois à partir de son lancement ». explique Didier Budimbu, qui ; Fort d’en dire sans se gêner, il ne semble visiblement reprocher de rien le gouvernement auquel il appartient.

La main tendue du gouvernement, boudée par les Majors ?

Au lendemain de l’annonce des appels d’offres de la vente aux enchères des blocs gaziers et pétroliers, plusieurs géants de l’exploitation domaniale ont manifesté leur intérêt. TotalÉnergies, ExxonMobil et d’autres grandes sociétés du continent asiatique,… « Figuraient parmi les pétroliers à avoir manifesté un intérêt pour l’acquisition des blocs mis aux enchères », explique Budimbu.

Mais pourquoi une réticence ?

Le gouvernent estime lui, que tous les chemins sont balisés pour une exploitation pétrogazière sereine ! Mais les spécialistes des questions du monde des hydrocarbures y voient autrement. « L’aspect risque politique n’est pas forcément un atout pour la RDC, où le contexte, un peu troublé, peut contribuer à une plus grande prudence de l’industrie pétrolière », c’est ce que pense Francis Perrin à la matière. A cette évidence qu’évoque Perrin, s’ajoute le fait qu’en RDC, le problème des vraies prospections non quantifiées des ressources pétrolières et gazières  s’invite. Et cela pourrait faire à ce que  les « compagnies pétrolières peuvent investir ailleurs en Afrique, où des ressources pétrogazières réelles ont été déjà identifiées ».

La renaissance du secteur minier face au contrepoids du passé Kinois

« Le passé préjudiciable du domaine minier ne devrait pas handicaper l’attrait des investisseurs, y compris les majors du secteur des hydrocarbures », tente de sensibiliser Didier BUDIMBU. L’ancien climat de la gouvernance du Congo-Kinshasa a malheureusement épandu des semences dont les fruits produits et qui seront encore peut-être produits affectent et affecteront les investissements du pays.

Perrin, fixe également son regard dans le même sens : « L’historique de l’industrie minière ne garantit pas la reproduction du même schéma dans le secteur pétrolier, mais c’est un défi auquel le gouvernement doit faire face en RDC », lâche Perrin, face à un ministre qui ne tarit des mots : « Notre gouvernement mène une lutte acharnée contre toutes les formes de corruption », note Didier Budimbu. Il invite les investisseurs potentiels à « se rendre compte que la RDC est en train de changer en ce qui concerne la bonne gouvernance ».

Avec environ 95 % des exportations congolaises, le secteur minier congolais est perçu comme un pivot de l’économie de cet Etat d’Afrique centrale et son gouvernement veut renverser la tendance.

John TSONGO / Goma-RDC

Votre opinion est précieuse, commentez