Alors que les années 1980, la RDC alors Zaïre, était parmi les géants producteurs du café sur le continent Africain, aujourd’hui ce pays est sur une pente glissante de perte de production, on dirait sur le rail d’un secteur cafeïcole qui signe sa descente aux enfers…
Les années 60, le monde a vu la RDC alors Zaïre à l’époque, exporter plus de 40 tonnes du café arabica et plus de 50 du café robusta, se réfère-t-on au site graine-de-café.com.
En effet, les guerres dans tous les bassins de production du café en RDC et surtout le grand Kivu, la dégradation du réseau routier, l’absence d’un fonds de garantie en faveur des agriculteurs, la non réglementation du marché, la non sécurisation des petits producteurs du café par l’État Congolais,… Ont contribué pour beaucoup dans la dégradation de la filière du café sur l’aire Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo.
Pourtant…!
Pourtant, avec plus de 250 milliards de dollars que fait gagner le café à l’économie mondiale, avec les plus de 25 milliards de dollars que la RDC perd chaque année par un défaut d’entretien de ce secteur, le café en sa casquette d’or vert, financerait à lui-seul jusqu’à à 500 %, le budget de la RDC d’il y a 4 ans.
Et l’insécurité s’invite…
Le café est certes, produit dans plusieurs endroits du pays, de part même ses réserves importantes en terres cultivables. Mais le café de qualité qui émane des hautes altitudes du pays, et essentiellement le Kivu, est étouffé par la guerre qui s’étend sur tous les 6 territoires du Nord-Kivu d’abord, et sur les autres provinces qui lui sont voisines, je cite le Sud-Kivu et l’Ituri.
Rien que par le poste frontalier de Nobili dans le secteur de Ruwenzori en territoire de Beni écumé par la rébellion de l’ADF (Allied Democratic Forces ndlr), la RDC perd plus de 40 milles tonnes de cacao, plusieurs autres milliers de café et cela sans rigueur tenue vis-à-vis d’autres postes frontaliers qui échappent parfois au contrôle.
Pire encore !
À chaque campagne agricole du café, le Congo-Kinshasa perd plus de 50 millions de dollars, suite au non entretien du secteur cafeïcole.
Mais comment ?
Plus de 40 milles tonnes de cacao Congolais traversent frauduleusement le poste frontalier de Nobili (Beni RDC) pour l’Ouganda voisin pour y être exporté comme produit en Ouganda.
Et si les café et cacao Congolais nourrissaient les économies étrangères ?
Loin de Nobili, dans le Nord Ubangui, le café et cacao Congolais traversent la frontière et relient la Centrafrique, pour y être exporté comme ayant été produit en République Centrafricaine. Pourtant ce sont des produits Congolais.
Ce n’est pas tout !
Dans la partie orientale du pays notamment dans les provinces de l’Ituri et de la Tshopo, le café Congolais franchit les frontières, il relie le Sud-Soudan pour y être exporté comme produit dans ce pays, pourtant tous voisins à la RDC.
Et sous ce climat, la RDC s’éloigne chaque année qui passe, de plus de 25 milliards de dollars, soit 500 % de son budget des années 2001-2017.
Pourquoi cet état des choses ?
L’absence des routes nationales et de dessertes agricole, le non appui technique aux petits producteurs, l’accès difficile ou quasi inexistant des agriculteurs aux financements, la non existence du fonds de garantie agricole, la prédation du champ d’action des petits producteurs nationaux par les étrangers, l’inexistence d’une politique d’encadrement des agriculteurs, l’insécurité permanente dans les zones de production cafeïcole… autant des mots ont depuis des années, rongé le secteur du café et l’ont dépouillé non seulement de sa substance, mais aussi et surtout de sa teneur économique.
Mais aujourd’hui l’espoir renaît…
Au cours du premier trimestre de l’an 2022, la Banque centrale du Congo notait dans un rapport, que la RDC avait fourni au marché, 1 044 tonnes de café. Selon le même document, cette production augurait une légère hausse par rapport à la production du premier trimestre de l’année dernière (2021), où les statistiques ne présentaient que l’équivalent de 848 tonnes, comme production du café fourni par le pays.
Pour toute l’année 2021, la production du café a été évaluée à hauteur de 12 683 tonnes, faisait toujours savoir le même rapport.
Après avoir subit le plein fouet de près d’un siècle dans le combat de l’abandon, le café commence à attirer agriculteurs, commerçants, consommateurs, transformateurs et autres. C’est justement ce qui explique cet engouement des coopératives agricoles qui réfléchissent ces jours, autour de comment redonner au café sa digne qualification des temps ancestraux: « l’or vert ».
Ce Mardi 24 Octobre 2022 à Goma par exemple, sur initiative de l’Office National des Produits Agricoles du Congo ONAPAC, plusieurs coopératives agricoles œuvrant dans la filière café pour les unes et cacao pour les autres, se sont réunies dans les enceintes même de l’ONAPAC.
D’un côté, pour clôturer la campagne annuelle café-cacao 2021-2022 et lancer la nouvelle autre: 2022-2023;
De l’autre, pour réfléchir ensemble sur comment relever les défis de ce secteur et faire du café et du cacao, la véritable pierre angulaire non seulement pour les économies des producteurs mais aussi et surtout pour celle du pays.
Cette rencontre a permis aux membres des différentes coopératives du café, d’évaluer l’année précédente. Mais aussi, de projeter pour la suivante, avec un objectif costaud! Celui d’atteindre 15 milles tonnes des exportations annuelles du café.
Cette occasion a également permis aux différents maillons de la chaîne de valeur café, d’organiser une exposition des différents sous-produits du café et les faire déguster, pour ainsi inciter les citoyens locaux et surtout ordinaires, à la culture de la consommation du café.
De l’explication des bienfaits du café pour la santé à la présentation de son potentiel médicinal sans égal, en passant par ses vertus multiples,… tout a été au rendez-vous.
Mais en dépit de tout, une étape n’a pas manqué !
C’est celle de la formulation par ces petits producteurs, des recommandations qu’ils estiment être une solution aux défis du moment dans la filière du café.
Par le biais du président du Réseau des coopératives des producteurs du café cacao de la RDC, Monsieur Gilbert MAKELELE; les différents acteurs du secteur café-cacao soutiennent que pour relever cette filière, l’État Congolais doit mettre en place une loi agricole qui donne du poids aux agriculteurs, doit simplifier et informatiser le processus d’acquisition des visas à l’endroit des acheteurs internationaux, il doit simplifier le processus d’exportation du café, il doit activer la création du fonds national pour le développement agricole FONADA, doit réhabiliter les routes de desserte agricole, il doit régulariser le secteur café cacao, il doit endiguer la fraude dans le circuit d’exportation du café et du cacao, mais aussi doit mettre en place des stratégies de promotion des produits agricoles locaux, tout en veillant sur le maintien de la qualité du café et du cacao.
En plus de réhabiliter les routes de desserte agricole imposer la sécurité dans les zones non stables, les autorités congolaises devraient tout de même apporter des amendements au niveau des lois sur les coopératives agricoles en RDC, et accélérer les acquis de la réforme foncière.
« L’amélioration des vies, des producteurs du café et du cacao, la prise en compte des jeunes et des femmes,... », C’est sous ce thème que la journée de cette 2022 a été commémorée.
John TSONGO THAVUGHA Goma-RDC