EN DIRECT
Nord-Kivu : l’irresponsabilité de certains parents à l’œuvre d’une exploitation criante d’enfants  en ville de Goma - PANA RADIO
Nord-Kivu : l’irresponsabilité de certains parents à l’œuvre d’une exploitation criante d’enfants  en ville de Goma - PANA RADIO

Warning: Attempt to read property "post_excerpt" on null in /htdocs/wp-content/themes/newsup/single.php on line 88

Les enfants vivant dans la rue sont-ils tous réellement en rupture familiale ?

En ville de Goma, tous les enfants vivant dans la rue, ne sont pas ceux en rupture familiale. Nombreux d’entre eux sont utilisés (exploités) par leurs parents vulnérables, incapables d’assurer leur survie. C’est ce qui résulte d’une investigation menée par Radio Moto, en collaboration avec un groupe de journalistes de Goma, Beni et Butembo, réalisée en ville de Goma en ce mois d’Aout 2022.

A qui ces affirmations ?

Travaillant au centre-ville en diagonale de l’hôpital Heal Africa dans une unité de préparation et vente des beignets, José Nabintou travaille dans un secteur où rodent permanemment toutes les catégories d’enfants de la rue, que ce soit en termes d’âge et/ou de niveau social.

Enfants de la rue quémandent les passants
Enfants quémandent en ville de Goma

José Nabintou la soixantaine, croit savoir que « la plupart d’enfants de la rue appartiennent à certains parents incapables de les prendre en charge, faute de courage, de sens de responsabilité, d’esprit de compassion ou encore de sens d’humanisme ».

Nabintou témoigne avoir déjà reçu une gamme de témoignages d’enfants racontant la manière dont les parents les envoient quémander dans les rues pour subvenir aux besoins de leurs familles. « Depuis que je suis dans ce secteur, j’observe tous les mouvements des enfants de la rue. Parfois je les aperçois dans ces rigoles en train de griller des viandes. Il y a plusieurs que j’interroge au sujet des motivations de leur présence dans la rue. Dernièrement j’ai échangé avec un tout petit garçon qui m’a témoigné que tous ses deux parents étaient vivants, et que lui était juste envoyé pour quémander, en fin de contribuer à réunir la ration familiale. Et c’est une pure exploitation des enfants, cher journaliste. », Nous a-t-elle relaté.

Témoignage de Nabintou, mensonge ou vérité ?

Cette version de Madame Nabintou a tout de même été corroborée par plusieurs  enfants de la rue, que nous avons rencontrés pour cette fin. Pour Bibiche Mwajuma, une enfant de la rue âgée de 13 ans, il y a beaucoup de groupes d’enfants de la rue en ville de Goma, qui sont au service de leurs familles. « Ils sont dans la rue, ces enfants qui travaillent au compte de leurs familles. Parfois nous les voyons, mais ils nous approchent rarement. Nous ne savons même pas où ils passent la nuit. Ils viennent même quelques fois avec leurs parents. »,…témoigne Bibiche.

Ça ne suffit pas !

Plusieurs autres enfants de la rue affirment cette information. Sous anonymat un garçon à qui nous avons attribué le nom de Barnabé, est dans la rue, pour cause de vulnérabilité de ses parents. Nous l’avons rencontré dans les abords du stade les Volcans au centre-ville de Goma. Il témoigne : « Je suis né d’une famille vulnérable. Mes parents n’ont vraiment pas suffisamment de moyens. Ma vie dans la rue est incertaine. Parfois dans mes démarches professionnelles, il m’arrive de gagner de l’argent et apporter à ma mère de quoi suppléer aux exigences quotidiennes de la famille ». Et de poursuivre : « Au cours de la journée, je peux soit assurer la garde des véhicules, soit faire la manutention, soit faire toute autre tâche, pour peu que ce soit à même de me rapporter un peu d’argents ça peut être 5 000 francs congolais, 10000, voire 15000, selon que les jours sont peu ou pas mouvementés… », Raconte-il.

L’existence d’une catégorie d’enfants de la rue sur lesquels les parents ont une mainmise et qui s’illustrent dans la « mendicité » ; est donc une évidence en ville de Goma.

Mais combien d’enfants compte la rue de Goma ?

Le vrai nombre d’enfants vivant dans la rue de Goma, n’est pas connu. C’est pour plusieurs raisons notamment : le refus de ces enfants de se confier aux enquêteurs, le non intéressement de plusieurs personnes à cette question des enfants, et le manque d’une politique lucide des services habiletés dans cette question des enfants. Toutefois, le parlement d’enfants de Goma, par le billais de son président Monsieur Amani  KADUKU Diego avance un chiffre de 200, le nombre d’enfants de la rue identifiées par sa structure entre Janvier et Juin 2022. Amani Diego précise nonobstant, que ces chiffres ne sont que ceux des enfants qui ont accepté volontairement de se confier aux enquêteurs de sa structure. Il dit être par ailleurs conscient de la non exactitude de ces chiffres, au regard des enjeux ayant trait au contexte et autres difficultés qui ont entaché le recensement de ces enfants.

Groupe d'enfants de la rue à Goma
Groupe d’enfants de la rue qui se droguent

Des centaines d’enfants dans la rue, pour un avenir radieux ou dangereux ?

Sans éducation, sans guide, sans protection, sans repère, sans avenir aussi ? Les enfants de la rue sont incontestablement exposés à un gâchis d’avenir, ou carrément en eux seuls, ils constituent un danger et pour eux-mêmes et pour la nation elle-même toute entière.

Enseignant d’universités en psychologie, Psychologue clinicien professionnel à l’hôpital Heal Africa, le chef des travaux SEMU SIKULIMWENGE Vincent établit par rapport au phénomène enfant de la rue, une analyse détaillée et lucide.

Semu évoque quatre niveaux qui suscitent l’attention des consciences.

Ils sont des délinquants ?

A ce niveau, le psychologue regrette que ces enfants soient sans aucun moral dans un environnement de la rue où personne ne peut conseiller ni guider personne. Sans conscience bien assise, ces enfants posent des actes prémédités sans que leurs consciences ne soient en mesure de les leur interdire.

Les enfants de la rue sont sans cœur

« De toutes les façons, ces enfants ont un sens très élevé de sadisme, si bien que faire du mal à quelqu’un ne constitue aucun problème pour eux. Et  allez-y comprendre que c’est très dangereux ». Explique Vincent.

Au niveau de la responsabilité 

« Tous ces enfants que vous voyez, auront toujours du mal à prendre des grandes décisions, à prendre des grands encagements et ils pourront avoir du mal à s’engager pour fonder des familles. » croit savoir Vincent, argumentant autour du sens de responsabilité que devraient avoir ces enfants.

Ils sont un danger pour la nation ?

« Si rien ne change, nous aurons difficile à avoir des dirigeants dignes !», a expliqué le psychologue, démontrant qu’à force de rester tous les temps dans la rue, ces enfants deviennent de plus en plus d’un côté un danger pour le pays, et inutiles pour eux-mêmes de l’autre.

 Est-il possible de mettre fin au phénomène ‘‘enfant de la rue’’ à Goma ?

A cette question les commentaires sont nombreux, mais semblent quand-même converger. Ces commentaires qui sont pour autant confondus aux solutions, émanent des enfants de la rue, des parents vivant en ville de Goma, tout comme des animateurs du parlement d’enfants.

Qu’en pensent les enfants de la rue ?

Enfants de la rue s'exprimant
Enfant de la rue s’exprimant au micro de John TSONGO à Goma

Dans ce camp, deux versions se lisent. D’un côté, un groupe de ces enfants sont fiers de la vie qu’ils mènent dans la rue suite à un sentiment triple, selon leurs explications : la vie dictée par le libertinage « aisé » dont ils jouissent dans la rue, la vie « facile » dans la rue et les conditions invivables de leurs familles d’accueil et/ou d’origine. De l’autre côté, un autre groupe d’enfants qui témoignent être dans la rue faute des moyens de la part de leurs parents, se dit être disposé à marier 3 solutions : leur inscription dans des centres de formation ou dans des écoles pour leur éducation, leur octroi des boulots pouvant leur permettre d’être autonomes et subvenir à leurs besoins, et assister leurs parents en stratégies de faire face à la crise.

Que disent les parents ?

Veuve depuis maintenant 20 ans, José Nabintou dit ne pas être fière des parents qui mettent en avant leur oisiveté au grand sacrifice de leurs enfants dont dépend pourtant l’avenir du pays. A cet effet, cette sexagénaire avance deux voies qu’elle estime clés : d’abord, le rassemblement de ces enfants et leur réunification chacun avec sa famille d’origine, ensuite leur orientation les uns dans les centres de formation, les autres dans des plantations agricoles, les autres encore dans des centres de détraumatisation.

Qu’en pense le parlement d’enfants ?

Amani Diego estime lui, que la meilleure façon d’encadrer ces enfants se situe au premier plan dans leurs familles. Il estime à ce niveau que si les parents sont en mesure de comprendre et maitriser les émotions de leurs enfants, il sera facile de contrer leur flux dans les rues de la ville. Il n’écarte pas par ailleurs, le travail de titan qui doit se faire au niveau du parlement d’enfants qu’il dirige, de la division des affaires sociales et plusieurs autres organisations qui se soucient de la question des enfants.

John TSONGO

Votre opinion est précieuse, commentez