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Mali: Sentiment anti-occidental, l'Afrique est-elle sur les pas de sa deuxième indépendance ? - PANA RADIO
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Août 2020, Septembre 2020 et Janvier 2022, ces trois dates qui équivalent à une vague des coups d’État dans les États du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, troublent et suscitent des questionnements par milliers.

Ces agissements vétustes qui trahissent les vertus démocratiques qui proscrivent l’accession au pouvoir par des armes, marquent en outre un tournant décisif. Oui! Un tournant dans l’aventure sur les pas d’une nouvelle émancipation de l’Afrique, visiblement prête à braver la « ruse occidentale », cet occident perçu par nombre d’Africains comme une nouvelle main coloniale, suicidaire pour l’émergence d’un continent indépendant pourtant depuis les années 60, mais dont l’émergence est même loin d’être frôlée.

Le cas du Mali semble spécifique…

Pour rompre avec un partenaire, la junte malienne semble avoir trouvé une technique incomparable : « lui couper les ailes ».

En effet, depuis la venue d’Assimi Goïta au pouvoir, les violons semblent ne plus s’accommoder entre la junte qu’il dirige et la principale mission de maintien de la paix au pays la MINUSMA.

Dans cette optique, Goïta a, il y a quelques jours, opté pour le retrait d’une autorisation de vol des drones de la MINUSMA. Cela a engendré des tensions. Cette décision a frappé l’un des grands pourvoyeurs en soldats au sein de la MINUSMA : l’Allemagne.

L’une des conséquences de ce coup dur pour la MINUSMA, est l’anticipation du retrait de ses troupes du sol Malien. En effet, suite à ce climat qui lui paraît incertain, l’Allemagne menace déjà de retirer ses hommes de Bamako, plus tôt que prévu, alors qu’elle prévoyait initialement le faire en Mai 2024.

Les drones au cœur de la dissidence entre Berlin et Bamako…

Depuis plus d’un mois, Bamako ne délivre plus d’autorisation de vol aux drones de la mission des Nations unies au Mali, MINUSMA. « La junte craint que des puissances étrangères n’espionnent ses troupes », qu’elle est en train pourtant de reconstruire pour visiblement rendre le Mali invulnérable aux attaques de saut d’humeur, de nature à perpétuer le malheur de l’Afrique, par la caresse des groupes armés et du terrorisme qui profitent on ne sait réellement à qui.

Le Mali a ainsi décidé de tourner le dos à la MINUSMA et à la force barkane de la France, en se tournant vers le Kremlin qui depuis un temps, a déployé ses troupes Russes du groupe Wagner au Mali. Ces trois agissements notamment l’interdiction des vols des drones de la MINUSMA, le desavoeu de la force Barkhane et le débarquement des troupes russes du groupe Wagner, fâchent et seraient perçus comme un nouveau coup dur pour la Minusma, alors que les britanniques et les ivoiriens ont déjà annoncé leur départ prochain.

« MINUSMA, entre humiliation, honte et perplexité »

« Si nos soldats ne peuvent pas quitter le camp ou ne peuvent se déplacer que dans un petit rayon parce que les drones ne sont pas autorisés de voler, alors ils ne peuvent pas remplir leur mission », a déclaré fin janvier le ministre allemand des Affaires étrangères, Boris Pretorius, au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Un sentiment visiblement peint de honte, d’humiliation et de perplexité d’un gouvernement qui lui-même ne voit plus sa raison d’être au Mali. Le déploiement allemand serait alors, poursuivait le patron allemand des affaires étrangères, « une perte d’argent et de temps, surtout pour les soldats qui, séparés de leurs familles et de leurs amis, y perdent la tête »…

La décision du nouvel homme fort de Bamako date déjà. Et face à sa non flexion vis-à-vis de sa décision, l’Allemagne n’a plus qu’un choix : le retour au bercail. En effet, depuis le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2020, la junte a considérablement réduit les opérations aériennes de la Minusma. Et, à en croire Boris Pretorius, chef de la diplomatie allemande, « les drones de la Minusma n’ont plus volé depuis le 23 décembre ».

Pourquoi Goïta interdit-il les vols aux drones de la MINUSMA ?

La junte au pouvoir redoute qu’en continuant d’autoriser le survol sur son sol des drones de la MINUSMA, elle ne soit victime d’espionnage. Ce qui pourrait d’une manière ou d’une autre, jouer négativement sur son système de défense.

Zones d’interdiction, un vieux débat ?
Tout commence dès le premier trimestre suivant son accession au pouvoir, lorsque Assimi Goïta désavoue la force Barkhane, qualifiée d’encombrante. La convergence Paris-Bamako s’effrite et du coup les autorités Maliennes décident d’instaurer des zones d’interdiction temporaire (ZIT), empêchant le survol de certaines régions sans autorisation.

Les premières tensions naissent directement du défaut de la maîtrise des aires à survoler ou non. Le divorce Franco-Malien a alors été consommé lorsque le porte-parole de l’état-major de l’armée française, annonçait que les espaces interdits de survol, couvraient plutôt « opportunément les zones où opèrent les mercenaires de la société russe Wagner »… Un message perçu par Bamako comme une véritable eculibration, encore qu’au début, il peinait à avaliser les soupçons de la présence des troupes russes du groupe Wagner.

Quelques jours plus tard, les autorités maliennes dénonçaient le vol Abidjan-Gao d’un Airbus A400M de l’armée française, « en violation de l’espace aérien », selon un communiqué du gouvernement malien de transition.

Ce climat sulfureux entre les deux anciens partenaires devenus des antagonistes, s’est malheureusement poursuivi jusqu’au départ définitif de la force Barkhane, le Lundi 15 Août 2022, après que la crispation au sujet des manœuvres aériennes n’ait cessé de s’accentuer.

Il faut alors préciser ici, qu’avant que le dernier élément de la force Barkhane ne quitte le Mali, le porte-parole de la junte au pouvoir, le Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, venait tantôt de dénoncer le vol « des avions de renseignement et des drones français pour des fins « d’activités considérées comme de l’espionnage, d’intimidation et de subversion »

Il dénonçait tout de même, une opération « plus prompte à espionner qu’à lutter contre le terrorisme ». La France à l’époque et l’Allemagne aujourd’hui dénoncent quant à elles « l’influence de Wagner » dans ces décisions maliennes. Oui, des inquiétudes franco-allemandes qui sont plus normales car depuis Février 2022, l’organisation de l’Atlantique du Nord (OTAN ndlr), à laquelle ces deux pays appartiennent subit par les attaques contre l’Ukraine, le fouet de la Russie, qui, au delà de sa puissance militaire visiblement prête à en découdre avec l’OTAN et les USA, élargit son influence militaire en Afrique.

Ces inquiétudes franco-allemandes seraient à percevoir comme une déception d’un occident à perte de vitesse, face au Kremlin (puissance militaire non mariginale) qui déverse déjà des troupes Wagner en Afrique, et qui bénéficie également du soutien de Pékin, qui, au delà de son partenariat économique avec l’Afrique quoique critiquée, s’affirme aujourd’hui comme un rival économique de Washington, icône dans l’OTAN.

Les récents scénarios vécus au Bourkina faso, en Guinée et au Mali, devaient inspirer le reste de l’Afrique, qui a le choix entre demeurer esclave et braver l’impérialisme occidental pour enfin s’émanciper une fois pour toute.

John TSONGO / GOMA-RDC

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